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 L'ODEUR DES LYS - JEHANNE

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Leto Underwood

‹ MESSAGES : 36
‹ DATE D'ARRIVÉE : 16/08/2015
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EVIL SPIRITS IN HEAVENLY PLACES

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MessageSujet: L'ODEUR DES LYS - JEHANNE   L'ODEUR DES LYS - JEHANNE EmptySam 22 Aoû - 12:08

L'ODEUR DES LYS

Je ne comprenais pas pourquoi le Roi Louis, envoyé de Dieu, aimait tant le théâtre. N'était-ce pas interdit ? Faire venir pour lui les damnés et en rire était probablement le pire des péchés. Δ JEHANNE&LETO

On lui a toujours dit qu'elle ressemblait à la Vierge. Ses longs cheveux bruns, bouclés tels ceux du Christ. Ses yeux d'un bleu qui laissait entrevoir le Paradis. Souvent, l'un de ses frères s'amusait à lui mettre un voile azuré afin de s'émerveiller devant l'apparition mystique qu'elle était alors. Mais se prendre pour Marie était un blasphème, se grimer, se faire passer pour elle était préparer sa place aux enfers. Leto n'était plus Charlotte, et la lycane n'était plus comédienne. Comment avait-elle fait pour ne pas s'apercevoir plus tôt de leur corruption ? La page du Diable l'avait déjà prise au cou, bien avant qu'il ne dépose son baiser interdit sur ses lèvres qui l'étaient tout autant.
La Vierge, elle ne l'était pas, mais elle la servait. Bénie de Dieu, mère du Seigneur, oh, son orgueil était tout de même gonflé à l'idée qu'elle puisse lui ressembler. Mais depuis, elle avait changé. Ses cheveux étaient emmêlés, accrochés voir même collé à ce qu'elle n'osait même pas suspecter. Du sang, probablement, mais sûrement pire encore. La saleté de sa vie et de son être était quelque chose qu'elle avait du mal à réaliser - ni même à admettre. Alors la brosse passait dans ses boucles qu'elle tentait de retrouver, arrachait les noeuds, arrachait ses cheveux par poignées. Pour éviter de voir les lambeaux d'elle-même partir entre les dents de fer, Leto fixait son propre visage. Ses propres yeux qui menaient au Paradis. Ce bleu cerné d'un rouge infernal. De sang. De ces nuits où elle ne savait si elle avait dormi ou chassé. Tout se mélangeait, tout se brouillait dans son esprit qu'elle voulait pourtant garder aussi saint que la Madonne, mais ses pupilles la trahissaient. Têtes d'épingles perdues dans des eaux tumultueuses. Le styx, plutôt que le ciel bleu des terres de Saint Pierre.

Si elle tentait de regarder autre chose, elle le savait, elle ne verrait là que ce qu'elle ne souhaitait pas. Ses lèvres gercées, couleur hémoglobine, ses bras qui se couvraient encore de poils drus. Il fallait qu'elle les coupe, les rase, les fasse disparaître. Il fallait qu'elle range, qu'elle nettoie aussi ce qu'elle pouvait voir dans le reflet de la glace, derrière elle, cet univers sale et puant qui constituait sa maison. Trois étages de crasse et d'odeurs que son nez avait préféré masquer. Serviteur de Dieu, elle n'avait pas le temps de s'occuper de la propreté. Tout cela était bien trop mortel, les biens, ses propriétés, tout cela ne lui servait qu'à dormir et à se cacher. Etait-ce un péché, que de considérer ce que l'on a comme futile ? Non, bien sûr que non.
Leto se permis alors de rouvrir ses yeux, et d'observer sans la moindre anxiété le capharnaüm qu'elle entretenait.

Et un sourire se dessina sur ses lèvres qui se fendirent et s'ouvrirent malgré elle. Entre un diner qu'elle n'avait pas mangé et des vêtements souillés de sang, là voilà. Marie, pleine de Grâces. Trônant comme pour absoudre la belle de ses inquiétudes, elle était le phare illuminant la noirceur qu'était devenue sa vie. Un bouquet de fleur de Lys, symbole de sa Sainteté.
C'était donc pour cela qu'elle s'était levée. Habillée, lavée, maquillée, c'était pour cela que machinalement, elle se coiffait. Leto semblait l'avoir oublié. Pour l'honorer elle, Sa servante devait se faire belle - du moins, elle ne devait pas être similaire aux victimes qui pourrissaient quelque part dans sa maison. Posant sa brosse, elle lu le message qu'elle s'était écrit sur le bras. Assomption.

C'était donc le mois d'août.
Ne lui demandez pas l'année.
Ne lui demandez pas le jour.

Leto pris le bouquet, sa voilette. Pour une raison qui lui échappait, les filles d'Eve avaient cessé de se couvrir au sein de la maison de Dieu. A l'église, elle se promis de se souvenir de leur visage et de leur odeur pour les en punir par la suite. Pays de païens. Monde d'infidèles. La pluie fine tomba avec délice sur ses épaules pour les caresser, s'abattit sur ses cheveux pour les nettoyer, et toucha délicatement les fleurs qu'elle amenait pour les revigorer. La Vierge était à ses côtés, et elle le savait. Jour Saint, elle allait prier pour qu'elle lui donne Sa force et Sa piété, et en retour, Leto allait lui amener toutes celles qui étaient têtes nues en Sa demeure.
L'odeur des Lys masquera probablement celle du sang.

Elle franchit le pas de l'Eglise, se plongea avec délice dans son obscurité, glissa son voile bleu sur ses cheveux. Ce n'était pas de l'imitation, ce n'était pas un blasphème. C'était juste pour l'honorer, pour faire d'elle son envoyée, de faire d'elle sur cette Terre sa digne Reine. A genoux, devant un autel ou Elle était représentée, elle alluma un cierge. Posa, à côté d'elle, les fleurs symboliques.  Croisa ses mains entremêlées déjà d'un chapelet séculaire.
Je vous salue Marie..
Ses yeux rouges plongés dans la flamme, Leto s'y perdit avec douceur, ses mains blanchies blanchies et tremblantes par la ferveur. Du coin de l'oeil, elle les voyait, ces catins. Du coin de l'oeil, elle mémorisait déjà leur visages. La Vierge l'aidera à les punir, si telle était sa décision. Autant de lys pour autant de cadavres.
La Mort aura un parfum floral.

© GASMASK



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Jehanne Al-Walîy

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MessageSujet: Re: L'ODEUR DES LYS - JEHANNE   L'ODEUR DES LYS - JEHANNE EmptyDim 23 Aoû - 20:17

Presque à la manière des musulmans, Jehanne se lave méticuleusement. Pour se présenter face à Lui, elle se doit d'être la plus propre. Après ça, elle brosse ses longs cheveux qui n'ont plus rien de roux, la tresse en épi avant de la laisser retomber entre ses omoplates. Les habits sont modestes, les formes ne mettent pas le corps en valeurs et les couleurs sont sombres. Et avant de sortir son plus beau voile, Jehanne se permet de glisser une goutte de parfum derrière ses oreilles et à l'intérieur de ses poignets. Ce rituel ne marque pas une volonté de séduire, seulement de montrer que l'enveloppe charnel offerte est respectée et entretenue.

L'église est sa seconde demeure. Jehanne a toujours trouvé l'endroit plus réconfortant qu'une maison familiale, beaucoup plus apaisant. En Syrie, la chaleur qui avait pour habitude de tourmenter l'esprit était bannie de ces structures divines montées dans la pierre. On laissait l'enfer à ses portes pour retrouver la véritable spiritualité, pour remercier Dieu de tout ce qu'il voulait bien leur offrir, à ces pauvres mortels, même s'il ne s'agissait que de quelques minutes de fraîcheur. Et puis, la révolte s'est levée, la guerre civile a éclaté et le pays a été ravagé. Comme les écoles, les hôpitaux et les mosquées, les églises sont tombées en ruine. Mais les croyants n'ont pas besoin de se déplacer pour être entendus, il suffit de croire assez fort en ses prières et peut-être que L'Unique voudra bien tendre l'oreille pour entendre les supplications.
Dans ce pays, il ne règne pas la même ambiance au sein des églises ; il y fait plus humide, plus froid et plus sombre. Et surtout, les peuples du nord ont la fâcheuse habitude de juger, par un simple regard, ceux qui arrivent des pays du sud, ces mêmes pays qu'on ne connaît qu'à travers le papier d'un mauvais journal.

Les femmes européennes semblent avoir une piètre opinion des autres femmes, celles qui acceptent de cacher leurs cheveux quand elles rejoignent la maison de Dieu. A leurs yeux, cette pratique semble souvent arriérée, synonyme de soumission à l'Homme, décidée par lui-même et imposée à la Femme. Mais les humains ont tendance a oublié que, face à Dieu, ils sont tous égaux et c'est Lui qu'ils doivent craindre et à qui ils doivent obéir. Les Hommes peuvent bien faire leurs petits caprices, inventer de nouvelles lois divines et s'exprimer à la place du Seigneur. Mais pour défendre  Son Honneur et Sa parole, Jehanne leur a trancher la gorge, à ces gens-là. Elle a fait couler des rivières de sang sur le sable brûlant de son pays. Elle les a envoyé dans l'unique endroit où ils pourront peut-être être absous de leurs pêchers. Alors ces Femmes qui se permettent de juger et prétendent être mieux éduquées, plus libérées, Jehanne leurs pardonne. Elles ne savent pas. Elles ont pris Lilith pour exemple et ont accepté de se laisser endoctriner par les paroles envenimées du serpent. Pourquoi devraient-on porter les vêtements les plus beaux et les chapeaux les plus imposants si ce n'est pour exaucer sa volonté d'attirer les regards et de provoquer l'envie ? A force d'évolution, l'humain a préféré se conforter dans l'idée que la vie terrestre valait beaucoup plus que la vie éternelle et que les valeurs du capitalisme l'emportait sur les valeurs religieuses.
Dieu seul se chargera de les juger.

Il fallait honorer la Vierge, la prendre en modèle. Il fallait la célébrer, ne jamais s'en moquer. « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pêcheurs,
maintenant et à l'heure de notre mort. »
qu'elle lui murmure, les genoux à terre. Et c'est là que l'odeur du Lys vient troubler son équilibre. Jehanne l'a toujours trouvé étrange, cette sensation de retrouver des pans de son ancienne vie grâce à des odeurs, des images ou des sons. Ça la frappe comme une claque en pleine figure. Le Lys sur les bannières qu'elle portait en galopant vers les territoires ennemis. Le Lys, la fleur des Rois représentants de Dieu, de la Vierge Marie, de l'innocence, symbole du divin. Alors elle lève les yeux, le plus discrètement possible, vers la croyante qui s'acharne sur ses prières. Les plus fervents ont souvent des choses à se reprocher, ou peut-être est-ce la tristesse.
Les deux ?
C'est troublant cette apparence. Le voile, de la couleur des rois, qui laisse apparaître des mèches de cheveux du même brun, l'expression de son regard clair semblable à celle de la plus adorée des femmes.
Alors Jehanne se permet de déranger la Marie, plongée dans ses prières et probablement dans ce qui semblerait être une critique des personnes qui vont et qui viennent à ses côtes. « Peu de personnes y pensent. » Dit-elle du bouquet de Lys. La pucelle accompagne ses paroles d'un sourire qui se veut discret et d'un regard serein. Dans l'établissement de Notre Créateur, il faut savoir ne pas être médisant, alors peut-être est-ce une manière, involontaire, de la tirer du pêché. Là-haut, on observe les mortels, et chaque seconde compte.
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Leto Underwood

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MessageSujet: Re: L'ODEUR DES LYS - JEHANNE   L'ODEUR DES LYS - JEHANNE EmptyMar 25 Aoû - 21:17

L'ODEUR DES LYS

Je ne comprenais pas pourquoi le Roi Louis, envoyé de Dieu, aimait tant le théâtre. N'était-ce pas interdit ? Faire venir pour lui les damnés et en rire était probablement le pire des péchés. Δ JEHANNE&LETO



Ses mots te perturbent, te frappent. Leto, plongée dans ses pensées ou dans sa haine – elle n’aurait su le deviner ni l’exprimer – elle, détacha son regard de la flamme. Décolla son attention crasse et mauvaise de ces femmes de petite vertu, battit des paupières, une fois, puis deux. Sa tête se détourna avec difficulté, la nuque raide, elle avait l’impression d’être rouillée.
Et un sourire s’étira sur ses lèvres.
Ses mains se décrispèrent, et les perles de son chapelet laissèrent des ronds rouges là où elles avaient quitté sa peau exsangue. Marie avait entendu ses prières, oui, ou alors était-ce peut-être grâce à elle que se tenait devant ses yeux étrangement bienveillants une femme qui enfin, savait ou elle se trouvait. Rare résistante dans ce Babylone dépravé, âme pure, oui, tellement proche d’elle qu’elle pouvait la palper. Cela faisait longtemps que Leto avait jamais ressenti cette sensation. Bien trop longtemps. La louve eu la sensation d’appartenir, l’espace d’un instant, à une autre époque, auprès de ses frères et sœurs baignés par l’astre nocturne et protecteur de leur Créateur.


Mais le goût du sang repris sa place, et elle déglutit. Se lécha les lèvres, comme elle en avait l’habitude, les craqua légèrement. Nouveau goût du sang, nouvelles réminiscences de la dernière pleine Lune. Ses prunelles se détournèrent d’elle pour chercher le sol, les dalles, la flamme du cierge et le regard fixe et vide d’une idole qui méritait bien mieux que cela.
« Plus personne n’y pense. »
La moindre des choses qu’elle pouvait apporter à la statue de bois moisie était un bouquet, plus coloré que ses vêtements qui semblaient délavés. Pauvre Marie, si tu savais..
« Plus personne ne pense à se couvrir non plus. C’est de la décence. Du respect. Mais non, non, plus personne n’y pense.. »
Sa voix était rauque, pensa-t-elle. Rauque et basse, abîmée, semblait être aussi vieille que les pierres qui composaient le lieu sacré. Il n'était pas bien difficile d'y lire tout le mépris et le dégoût que la centenaire pensait de cette époque qui jamais n'aurait du exister et qui, une fois avoir vu le jour, aurait mieux fait de directement se voir enterrée. Idoles de magazines, Idoles de télévisions, Dieux Néons que l'on acclame et faux prophètes qui incitent à la révolution. La foi a changé, et plus personne ne l'a, non, et ça personne n'y pense, car tout le monde est oh, tellement occupé.
Elle lui jeta un nouveau coup d’œil avant de bien vite détourner le regard.
C’était comme si elle allait se brûler la rétine. Ou, en tout cas, comme si elle ne voulait pas trop longtemps l’observer. Son aura était spéciale, magnifique, mais comme le soleil, mieux valait parfois ignorer ses rayons. Ce n’était pas une sœur, mais pas une humaine non plus. Quelque chose dans son odeur, peut-être, ou alors dans ses manières. Si une simple tête nue pouvait révéler à Leto qu’une personne méritait de mourir, alors la simple présence de l’inconnue pouvait être la source de beaucoup de conclusions. Hâtives ? Non, non, justes. Guidée par le Seigneur, elle ne se trompe pas, non, elle ne fait que suivre ce que son Berger lui pointe.


« Dieu saura vous récompenser pour la piété élémentaire que vous avez su garder. »
On aurait dit une none, et, à vrai dire, Leto était plus proche de ces recluses que des hommes. Si on enlevait les bains de minuit version hémoglobine, si on oubliait le fait que l’odeur de fleurs symboles de paix soit pour elle l’annonciation de cadavres fraichement abandonnés. Devant la simplicité de la femme, elle ne pouvait qu’acquiescer, mettre son jugement, même le plus rigoureux de côté, ne trouvant aucun sermon à lui adresser. Le parfum qu’elle semblait porter lui titilla les naseaux, mais ça, elle le garda pour elle Leto. Sa sensibilité à ce genre de choses était parfois remarquée par ceux qui savaient ou chercher et, étrangement, leur race était devenu une sorte de tableau de chasse convoité par tous ceux qui travaillaient pour le genre d’Asmodée.
« Je serai ravie de prier pour vous, si toutefois, vous pouvez me donner votre prénom. »
Car une aura comme cela, ça ne se perd pas de vue, ça se note dans un coin, et ça se fait suivre dans la rue.

© GASMASK





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Jehanne Al-Walîy

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MessageSujet: Re: L'ODEUR DES LYS - JEHANNE   L'ODEUR DES LYS - JEHANNE EmptyMer 2 Sep - 23:07

Jeanne est née à une époque où les rois étaient encore les représentants de Dieu sur Terre, où il fallait admirer et vénérer les seigneurs comme on le faisait avec d'autres entités religieuses. Les hommes et les femmes ne s'appartenaient pas, ils n'étaient que des corps/forces de travail/propriétés  de l'un ou de l'autre qui vivaient sur la plus haute colline, dans un joli château. Aimer son Roi signifiait qu'on adorait son Dieu. Jeanne, comme le saint protecteur du royaume de France, leur avait été toute dévouée. L'un avait décidé de la réduire en poussière sur le bûcher, tandis que L'Autre, Le plus Clément, lui avait fait connaître l'état de grande béatitude. Et puis, on l'avait remise sur Terre, Jehanne, dans un corps différent, dans une partie du monde différente. Là-bas, les dirigeants voulaient être adorés comme des dieux. On peignait leurs portraits sur les murs des grands bâtiments pour satisfaire leurs égos. Mais cette fois, les femmes et les hommes avaient compris que les puissants ne l'étaient pas autant que Le Tout Puissant. Son pays avait vécu au rythme religieux. Presque toute la population respectait ces pauses religieuses pour murmurer à l'oreille de Dieu. On l'entendait dans toute les rues, le silence. Puis la voix du muezzin ou le son de la cloche.
Des siècles séparent ces deux époques, pourtant, Jehanne a l'impression d'avoir vécu deux vies similaires. Comme la première fois, c'est la guerre qui l'a éloigné de sa famille, qui la forcé à choisir son camp et à combattre pour le meilleur. La première fois, pour son représentant, la seconde fois, pour le respect de Son Œuvre.
Elle le lui a promis.

Le changement de mœurs, c'est ici qu'elle y a été confronté. Les églises demeurent pleines, mais les esprits n'y sont pas. Les enfants baillent quand les religieux se mettent à parler, les femmes se font trop belles et les hommes n'ont pas honte de laisser leurs yeux s'attarder sur des formes qu'on ne devrait pas montrer.
Ils n'ont jamais su réprimer leur trivialité, ne serait-ce que le temps d'un entretien avec Dieu. Et ils ont commencé à se croire libre quand ils ont pu laisser leurs désirs s'exprimer. Les plus téméraires d'entre eux n'ont pas attendu d'avoir quitté l'église pour exalter. Non. Ils n'ont pas eu se respect. Et pendant qu'ils crachaient sur le dos des plus fidèles, ils n'avaient pas remarqué que le serpent avait resserré son étreinte autour de leurs cœurs.
Jehanne, bien qu'elle n'en soit pas une adepte, ne condamne ni la sexualité, ni la beauté des corps, ni les pensées indécentes. Mais le propre de l'être civilisé est de pouvoir réprimer ses pulsions et de modérer son goût pour la séduction lors du devoir spirituel. Comme lorsqu'on s'empêche de se faire plaisir pour répondre au besoin d'un employeur qui doit faire tourner son entreprise.
Les humains l'ont oublié.
La décence.
Le respect.
Alors elle acquiesce quand Marie les accuse.

Les femmes comme elles sont précieuses, mais seulement considérées comme des fanatiques. Heureusement, Jehanne sait apprécier les paroles de celle qui lui fait face. Son odorat n'est pas aussi puissant pour reconnaître l'odeur du sang et de la culpabilité qui se sont imprégnés sur toutes les parcelles de son corps. La sainte n'a que ses yeux pour remarquer sa modestie et ses oreilles pour constater son bon sens. Personne n'est venu murmurer à son oreille, personne ne lui a conseiller de se méfier. « Que Dieu vous garde. » Répond-elle simplement, tout doucement. « A condition que vous me donniez le votre. » Qu'elle ajoute dans un sourire qui se veut amical. Il faut dire que depuis son arrivée, rare ont été les personnes qui ont déjà pris plus d'une minute pour échanger quelques mots. Peut-être que son accent dérange les oreilles les plus délicates du monde occidental. « Jehanne. » Puis elle se baisse un peu plus pour partager une petite confidence. « J'ai quitté la Syrie, il y a quelques mois, et j'avoue que j'ai parfois du mal à m'y retrouver, dans ce pays. » C'est la critique des gens qui ne partagent pas la même culture, qui ne veulent, et dans son cas, qui craignent de s'ouvrir à de nouvelles manières de penser et d'aborder la vie.
En ce jour, Jehanne préfère seulement s'inspirer du parcours de la seule femme qui reçoit toutes ses prières.

« Je dois vous présenter mes excuses. » La syrienne se rend enfin compte du trouble qu'elle doit semer dans l'endroit sacré. Pourtant, personne ne la remarque. Ce n'est que sa discrétion habituelle qui lui donne l'impression de crier dans les oreilles de tout ceux à qui elle ne s'adresse pas. « Je dérange vos prières. Et celles des autres. »
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