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 Effet Papillon et Baffes en Chaîne

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Max Adams

‹ MESSAGES : 25
‹ DATE D'ARRIVÉE : 10/08/2015
‹ L'ENDROIT : Chez maîmaître

EVIL SPIRITS IN HEAVENLY PLACES

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MessageSujet: Effet Papillon et Baffes en Chaîne   Effet Papillon et Baffes en Chaîne EmptyDim 16 Aoû - 17:37

Cela faisait des semaines que tout se préparait, petit à petit. L'impatience se faisait plus grande chaque jour, et la monture d'Elie paraissait régulièrement piaffer, y compris sous forme humaine, observant tout autour d'elle avec un fin sourire, comme si une bonne nouvelle se préparait. Une excellente nouvelle se préparait. Et c'était de son fait. Pas besoin d'attendre que le bonheur vienne sur ses petites papattes quand on pouvait le créer de toutes pièces.
Il avait manqué un élément, l'ultime élément. Ce n'était plus le cas. Max rentra dans la demeure de son maître, un grand sourire aux lèvres. En bandoulière, sur son épaule, une sacoche particulière. Solide, au fond plat, le reste en sorte de demi-cylindre… La sacoche était bleue foncé, avec des motifs fleuris. L'each la déposa avec précautions à terre. "Ne bouge pas !" Il fallait tout mettre en place, avant que la sacoche trouve son utilité.
C'avait été un travail de longue haleine, ses plans mentaux variant selon sa mémoire et ses envies. L'argent de poche que son maître lui accordait y était presque intégralement passé. Elie n'était pas encore rentré… Tout était parfait, donc. Une certitude: Elie ne rentrerait pas tout de suite. La première étape du plan était facile, il n'y avait qu'à l'activité. L'each galopa, sous forme humaine, jusqu'à l'autre bout de la maison. Là, un dispositif avait été mis en place, composé de plusieurs tuyaux contenant une gelée verte fluorescente qui aurait fait frémir Mare Curie. Max enclencha le petit interrupteur. Bien. D'ici un quart d'heure, les premiers pétards exploseraient et, avec eux, des bouts de tuyaux. Tout était chronométré pour occuper les autres serviteurs du maître. Pas question d'être dérangé pendant que son oeuvre voyait le jour.

Ceci fait, le Da Vinci du dimanche commença à courir dans toute la bâtisse, affairé à bouger certains objets de place, récupérer ceux soigneusement cachés sous son lit ou innocemment laissés en exposition dans sa chambre. Depuis quelques temps, c'était clair comme de l'eau de roche: ce qui le faisait rire, c'étaient les réactions en chaîne, c'était de voir un plan se dérouler diaboliquement bien du début à la fin, voir les conséquences devenir de pires en pires, et se sentir profondément bon d'avoir su tout agencer. Ç'allait être la bêtise de sa vie, le grand jeu du circuit à billes… Et le meilleur serait la sacoche bleue, et son rôle. Si cela fonctionnait, il était certain d'en rire pour quelques siècles !

Voilà. Tout était installé. Max soupira, essoufflé, mais ravi. Les autres domestiques s'affairaient à l'étage, on pouvait entendre leurs pas hâtifs et, de temps à autre, un pétard. Le seul son suffisait à faire rire Max, qui s'imaginait fort bien le désespoir de ses pauvres camarades, comme ils essuyaient, ou tentaient d'essuyer, la gelée verte qui devait se répandre ça et là dans leurs appartements. Un nouveau pétard lui indiqua que son plan se déroulait de telle façon que, pour le moment, on eut presque pu dire que c'en était chronométré. L'installation avait bien eu quelques soucis, mais ils avaient été compensés par des facilités à d'autres endroits.
L'each revint vers la sacoche, où la pauvre créature miaulait. Un bruit de zip, et la petite créature était sortie par la peau du cou. Un chaton. Noir, aux grands yeux verts ébahis. C'est Lui. Le coupable parfait. Jadis, Max avait voulu avoir quelqu'un à accuser, et nul chaton n'avait été là. Désormais, ce serait possible. Mieux encore: le chaton allait être le coupable ! L'each prit la papatte de l'animal dans la sienne, l'approcha du début de sa grande machination.

La papatte poussa la tomate. La tomate roula jusqu'à pousser les couteaux-dominos. Les couteaux-dominos tombèrent, le dernier d'entre eux coupa une corde, tendue entre l'évier et le balai ainsi retenu, lequel avait été lesté du poids de quelques aliments pris au hasard entre placards et frigos. Bon, un de ces aliments, le paquet de farine, s'ouvrit en rencontrant la balançoire de fortune qui avait été disposée, mais c'était un détail. La balançoire de fortune était faite d'une planque à découper en équilibre sur un rouleau de sopalin, coincé entre quelques bocaux de condiments. Une sorte de tape-cul. Le sac de farine, donc, fit brusquement monter l'autre côté de la balançoire, malgré le lest de celui-ci. Sauf que, ce bout de planche à découpé, lorsqu'il avait été posé contre terre, s'était vu accroché, via une ficelle, à un marteau. La ficelle traversait tout le couloir. Tendue, elle maintenait le marteau en suspens, face au bocal de petits poids. Un peu comme une grande aiguille visant les 45 minutes, avec le bocal de petits pois aux 15minutes, l'autre bout du marteau étant accroché à une statuette trouvée parmi les bibelots. Bref, la corde distendue, le marteau fracassa le bas du bol de petits pois. Mais tout était prévu ! Ce dernier était posé sur une sorte de pupitre de bois, au-dessus d'un entonnoir. L'entonnoir avait son bout le plus fin relié à un tuyau. Bref, le jus de la conserve de petits pois s'y déversa, jusqu'à une petite coupelle, plus bas, face à une autre bibliothèque. La coupelle était sur une balance de cuisine, elle-même posée au bout d'une grande table rectangulaire. En travers de l'autre côté de la balance, le rouleau à pâtisserie était disposé perpendiculairement, et pas vraiment en équilibre. En se levant, son côté de balance le poussa vers les livres soigneusement installés en dominos-livres sur la table. Max se rongea les ongles au moment fatidique où l'un d'eux devait en pousser deux autres, qui partaient dans des directions contraires. Mais tout se passa bien, et un grand "BINGO !" s'échappa de ses lèvres lorsqu'il vit la première rangée de livre faire tomber le bocal de… Tabasco ? Sauce tomate ? Tandis que l'autre continuait tranquillement sa course.

Ainsi, de balance en balance, mouvement en mouvement, tous les objets du rez-de-chaussé y passèrent. Un bout de ficelle tiré par un poids parvint à ouvrir un robinet, pour remplir d'eau le verre doseur qui devait servir à élever la spatule jusqu'à ce qu'elle pousse un kiwi le long d'un nouveau parcours. Le kiwi serait retrouvable dans la salle de bain, écrasé contre le miroir, après avoir savamment fait tomber quelques flacons, fait tomber un objet sans doute sans importance dans les toilettes, et embobiné les rideaux. La grande pièce avec la table rectangulaire sentait les petits pois et la sauce tomate, mais également la lavande, dont un paquet de petites graines odorantes avait été versé un peu partout à l'aide du ventilateur au plafond. Une balle de tennis baladeuse avait tracé un chemin en peinture rouge à travers la demeure. Quant à la cuisine, il n'y avait qu'à la chauffer pour obtenir une crêpe géant, et déjà garnie.
Le chaton, lui, était au milieu du couloir. Une cage était tombée autour de lui, et des flèches en cartons trouées et garnies de LED clignotaient en indiquant sa direction.
Max était par terre, à se tenir les côtés, les yeux humides de rire et le souffle court. Si bien que même en entendant la porte s'ouvrir, même en sachant qu'il allait prendre la punition de sa vie, il ne parvint à s'arrêter.
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Elie Mortimer

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MessageSujet: Re: Effet Papillon et Baffes en Chaîne   Effet Papillon et Baffes en Chaîne EmptyDim 23 Aoû - 22:16

Quand il entra, véritable capharnaüm fut ce qui l'attendit. Beauté et magnificence d'objets sacrés envolées ! Belles oeuvres de sa noble demeure massacrées ! Tous ces beaux objets au fil des siècles si savamment réunis... Il en avait le coeur en miettes. Si tant est qu'il ait encore un coeur, certes. Rage enflammée et glaciale colère semblèrent le consumer. Mais pas de cette rage qui vous faisait s'écrier. Oh non, Eurynome n'était pas de ces démons coléreux, qui pour la moindre contrariété se montrait tumultueux. Nul cri, nul geste de rage ne lui seraient arrachés. Il lui faudrait la dévastation de Dieu pour ce haut fait. Tel lors de sa chute éhontée quand Il lui avait brisé les ailes, le condamnant aux Enfers éternels... Non, il ne cria pas, n'exulta pas sa rage de vive voix, et se contenta, de stupeur figé sur le seuil, sa bonne humeur en deuil, de contempler le massacre éhonté qui s'étalait là en une vile toile.

Du rouge, tel le beau fluide carmin des mortels, mais qui ne devait être que le jus d'une fruit pestilentiel, courait de mur en mur, de salle en salle, comme semblant dessiner le chemin du vandale. Un vandale qui semblait dans une cage s'agiter, au milieu du couloir emprisonné. De mille flèches désigné, tel le coupable idéal pour ce forfait consumé. Un vandale qui, le comprit Elie en un coup d'oeil, n'était qu'innocente créature et marionnette d'un vil blagueur. Et ce rire qui ne cessait pas, lui vrillant tympan et le laissant sans voix. Le croyait-il si idiot pour songer qu'il ne comprendrait pas ? Etait-il si stupide pour songer duper ainsi un Prince Démon tel que son maïtre ? Vil sacripan qui se croyait drôle et malin, oh oui, quel vil être...

Le regard poison du démon se fit acier fondu, embrasé de colère contenue, visage lisse de toute expression. Il avança lentement à pas comptés, sa fine silhouette se dessinant en sombres ombres sur les longs murs vilement souillés, tandis que lumière crépita et menaça de les plonger dans la pénombre. Arrivé devant le facétieux mécréant, il se permit un lourd soupir dépité. D'une main puissante l'empoignant, il le força à se relever sur ses deux pieds. Sans un mot, toujours sans un cri, il le força à le suivre à travers toutes les salles dévastées, et constata avec lui l'ampleur de sa forfanterie endiablée. Ce ne fut qu'une fois le tour accompli, qu'il s'arrêta dans la pièce principale, jetant son agaçante proie, au milieu d'un ancien tapis. Tapis souillé, tapis à la beauté perdue, révolue, ainsi entaché.

- Tu sembles t'être bien amusé en mon absence, mon jeune ami.

Un sourire dénué de toute chaleur s'esquissa sur ses traits tirés, tandis que sa voix descendait de quelques octaves encore. Une voix grave, profonde, aux mille sensualités, aux mille promesses de peine alors...

- Je te savais fort peu obéissant, bien mal dressé, mais tu viens de me prouver en cette nuit...

Que c'était pire encore qu'il l'avait escompté. Pire, diablement pire, maudit dresseur qui de lui s'était joué ! Un Each si jeune, si beau, et pourtant si fantasque, à toujours imaginer mille frasques... S'il en détenait la bride, il n'en détenait visiblement pas l'obéissance. Voilà forfait qu'il allait devoir rapidement réparer, s'il ne voulait pas perdre toute raison et tout sens.

- Pour toi, tout n'est donc que mesquine plaisanterie ? Tout n'est donc que plateau de jeu géant pour tes fourberies ?

Se disant, il croisa les bras, observant l'autre calmement, l'air songeur, même si colère vrillait encore son noir coeur.

- Que vais-je faire de toi ? Souhaites-tu donc que je te renie ? Ne veux-tu donc pas être à moi ? A mes côtés, pour l'éternité, à moi lié, mon jeune ami ? Je ne peux te laisser te jouer de moi, tu le comprends, n'est-ce pas ? Je suis un Prince et tu es mon esclave, m'obéir tu te dois, en toute circonstance, en tout trépas. Tu es à moi, je détiens ta bride. De faire ce qu'il te plait tu n'es pas libre. Notamment tout détruire chez moi tu n'en as aucun droit. Aussi drôle que tu puisses trouver cela. Ce petit jeu doit s'arrêter de suite si tu ne veux pas subir ma colère éternelle.

Car oui, en colère il était. Il n'en avait peut-être l'apparence, tout son être gardant savante maîtrise et belle prestance, mais oui colère l'agitait. Cela pouvait se lire dans son regard, dans la raideur de ses gestes, dans les ombres de sa voix, et dans les crépitements qui résonnaient dans la pièce.

- Je peux être un bon maître, prendre soin de toi, à tous tes besoins subvenir, tous tes caprices accomplir. Je puis t'apporter bien-être, beaux plaisirs et viles joies, protection sous mon aile sombre, et une belle place dans mon ombre. Oui, tout cela est à toi, mon beau destrier, si tu acceptes de te plier à mon autorité.

Et se disant, il sentit en lui une décision se dessiner.

- Tu as le choix : reprends ta bride, reprends ta liberté jusqu'à ce qu'un autre que moi te revendique comme sien... ou obéis moi, plie-toi à mes voeux, offre moi respect réel, et à jamais je te protégerais, toi mon mien.

D'un claquement de doigt il appela alors un serviteur, lui susurra quelques ordres dans le creux de l'oreille, et le congédia... jusqu'à revoir ce dernier sur le seuil, lui tendant l'objet qu'il lui avait demandé. Une brosse. Une simple brosse destinée à frotter sols et parquets.

- Si le deuxième choix est le tien, prends donc et répare tous tes méfaits. Frotte, lave, récure, les souillures de ce vil forfait. Je resterai là, avec toi, à surveiller tes... nouveaux exploits. Nous avons toute l'éternité, mais plus vite tu te mettras à oeuvrer, plus vite nous aurons fini. Si bien sûr... tu me choisis.

Et à vrai dire, le petit Each avait tout intérêt à le choisir. Un autre que lui l'aurait chatié bien plus sévèrement, bien plus vilement, et de souffrance l'aurait fait hennir.
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Max Adams

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MessageSujet: Re: Effet Papillon et Baffes en Chaîne   Effet Papillon et Baffes en Chaîne EmptyLun 24 Aoû - 12:29

L'ombre de son maître s'approcha, se rapprocha, et nul bruit n'était nécessaire. Nul cri, nul geste. Sa colère avait beau être contenue, Max la ressentait. Peut-être n'était-ce qu'une impression, un jeu de son esprit ou les subtils indices de cette communication sans mots que les animaux connaissaient mieux que les Hommes. Néanmoins, et malgré ce ressenti, pas de fuite, pas de peur. À croire que Pavlov l'avait épargné, que les fois précédentes ne lui avaient pas suffit… Darwin aurait sans nul doute pleuré un tel comportement. Max ne pleurait que de rire, et cette euphorie rendait le monde alentour flou, lointain, distant. De cet instant où son rire se répercutait contre les murs salis par ses soins, les souvenirs seraient difficiles à retrouver. C'était là quelque chose d'affectionné, de recherché, cet instant hors du temps, détaché. Pas de réflexion là-dessus: la mort n'était pas une crainte, perdre du temps était permis, et très agréable.
Néanmoins, au fur et à mesure que le Maître s'approchait, que les ombres susurraient la menace, l'each fit de son mieux pour se redresser un minimum. Son rire se tut peu à peu, ses yeux furent essuyés. Ce n'était plus que quelques soubresauts esseulés de sa respiration, incontrôlables. Max se laissa totalement faire, se remit sur pieds sans chercher à riposter ou se défendre. Pourquoi agir ainsi ? Elie était le Maître. Il avait la bride, il était l'Unique personne devant laquelle son each acceptait de ployer le genou. C'était encore un fait qui n'avait jamais été questionné. Leur première rencontre avait suffit, l'aura d'Elie était un argument qui ne souffrait d'aucun combat. La sauvagerie et la liberté qui faisaient sa nouvelle monture s'arrêtaient dès que le regard d'azur et de pluie se posait sur lui.

Ils traversèrent la demeure, Max essayant de suivre le pas de son maître au mieux, malgré sa posture pour le moins inconfortable, le bras ainsi tenu, douloureux. Elie ne devinait-il pas que sa monture l'aurait suivi, même lâché, sur un simple ordre ? Il ne vint pas à l'esprit de cette dernière qu'elle n'avait potentiellement pas donné d'indice en ce sens. Une pièce, une autre… Quelle était cette logique ? Où allait Elie ? Un endroit en particulier ? Ce petit tour avait au moins l'avantage de permettre de constater l'étendue de l'oeuvre. Car il fallait le dire: à ce niveau, c'était de l'art, du vrai ! Du travaillé, avec amour, précision… Une performance comme il ne s'en fait plus ! Et ce kiwi, pile au milieu du miroir, et ce looping qu'avait dû faire le citron peint de bleu… Il n'était pas improbable qu'Elie veuille juste faire part de son admiration. Peut-être même de sa gratitude: les bipèdes avaient l'air d'aimer voir leur habitat prendre des couleurs nouvelles, de temps à autre… C'était fait ! Pas même eu besoin de demander !
Max avait admiré le fruit de son travail avec un fin sourire ravi et heureux, faisant l'expérience d'un sentiment supplémentaire à ses bêtises de jadis. Planant encore un peu, l'each juvénile réalisait difficilement ce qui pouvait lui arriver. Soudain, le sol se rapprocha violemment de lui. Par chance, un tapis amortissait la violence de la rencontre. Tapis un peu poisseux, un peu odorant… Max se réceptionna tant bien que mal, mains en avant, tenta de les essuyer rapidement entre elles avant de se retourner vers son maître. Son regard tout rond, tout brillant, était celui d'un enfant curieux, attentif, et plein de vie, quand bien même le reste de son visage affectait la neutralité.

Pas plus bête qu'un autre, Max perçut très bien que la première déclaration de son maître n'attendait aucune confirmation. L'each eut un mouvement de tête vers le haut typique des équidés mécontents en l'entendant dire qu'il était peu obéissant, et mal dressé. Quoi ! Son digne serviteur, mal dressé ? Quel toupet ! L'obéissance était dans ses attributions. Elie était-il aveugle face à ses réelles intentions ? Oui, tout était jeu, un vaste plateau fait de mille pions. Max était celui qu'une seule main devait saisir. Sans elle, la créature liée à Elie refusait de se soumettre et d'être ainsi manipulable. Mais surtout: sur ce grand plateau de jeu, au-delà de la victoire, il y avait l'amusement. C'était là son véritable but. Désobéir à Elie n'était pas aussi intéressant.
Aucun son ne s'était échappé des lèvres de l'être qui avait été jeté à terre, jusqu'alors. Ce petit être était resté assis, à sa place, le regard tourné vers son interlocuteur. Entendant son maître parler de renier, l'each eut un mouvement, comme pour prendre la parole. Non, surtout pas ! C'était loin d'être cela, il fallait le dire ! Mais comme le maître continuait, rien ne fut dit pour l'instant, les pensées se changèrent en ruminements. Le regard ambré se dévia vers le sol, fuyant. La colère éternelle… Pas d'importance. D'une part, la notion de temps était encore floue, mal estimée. De plus, ce n'était pas la motivation première… D'autant plus que, l'ayant sentie, l'ayant entendue à travers les mots, Max peinait tout de même à véritablement la croire réelle. Le ton de la voix n'y était pas, ce ne pouvait être une véritable réprimande.

La situation était inconfortable, pour l'each. Pas de réprimande explicite, mais sous-entendue. Autour de sa frêle silhouette, elle était presque palpable. Le possible et l'impossible se mêlaient. La punition n'était pas douloureuse en elle-même, mais le mal-être qu'une telle fracture créait en Max était bien plus marquant. Regard à droite, à gauche, à la recherche d'un élément bien physique à associer à cette sensation désagréable. Elie ne pouvait donc pas se mettre franchement en colère ? Avec la voix claquante, le ton incendiaire, et les points violents… Max n'était pas fait pour les sous-entendus.
Reprendre sa bride ? Non. Cheveux d'or qui volaient sous un vif hochement de tête négatif. Pas question. Elie devait tenir sa bride, nul autre. Or, si elle était libérée… Combien de regards avides se poseraient sur la crinière sombre ? Il faudrait les fuir. Ce ne serait pas liberté que de fuir toujours. Peut-être stupide sur bien des points, la monture d'Elie savait au moins reconnaître qu'elle disposait de plus de possibilités sous l'aile de ce maître-ci. Il était exactement celui dont elle avait besoin. Il suffisait d'observer alentour pour le constater: la multitude d'objets à sa disposition, la possibilité d'aller en chercher, d'organiser… Dès que le prince s'était présenté, plusieurs années plus tôt, la certitude s'était installée: il était celui qu'il fallait, celui qui changerait l'enfant d'équidé, encore malhabile sur ses grandes jambes, en l'être sublime que chaque each pouvait devenir. Une bride d'each ne se tenait pas comme une bride de cheval, et Max était persuadé d'avoir su discerner, dans le port de tête de son maître, un indice lui indiquant qu'il savait exactement où placer les mains sur ses rênes. Jamais trop courtes, jamais délaissées non plus…

Oui, aussi surprenant que cela puisse paraitre, c'était l'ombre du maître qui l'attirait. Il lui promettait bien des choses, Max désirait seulement être certain que sa bride serait toujours entre les mêmes belles mains. Lèvres mordues, son regard inquiet observa le serviteur qui venait, sans doute encore inquiet pour les potentielles taches de gelée, à l'étage… Que se disait-il ? Le serviteur disparut. Max resta silencieux, assis en tailleur. Ce n'était pas pour attendre que la parole lui soit donnée, mais attendre que les mots justes lui viennent. La parole n'était pas tout à fait son fort, sur certains points. C'était un travail d'actualité, ayant compris les possibilités qu'elle offrait vis-à-vis des bipèdes. Comment expliquer à Elie ce que sa monture ne comprenait pas et, en même temps, ce dont elle avait envie ? La brosse vint. L'each s'en saisit, avec un mouvement de narines instinctif devant ce nouvel objet. Attendez… Lui, frotter ? Oulah, non, jamais ! Pas envie. Ce n'était pas amusant. Une moue réprobatrice, l'each se tournait vers son maître.

"- Croyez-vous vraiment que je veuille vous délaisser, partir, me délivrer ? Ma bride, à quelques détails physiques près, nous pouvons dire que je vous l'ai donnée." À nouveau son regard chercha à soutenir celui d'Elie. "Vous êtes celui que je veux pour maître. Vous êtes celui à qui j'obéis. Il ne m'a pas paru vous désobéir." Définitivement, les sous-entendus n'étaient pas son fort. Distraitement, la brosse passa sur l'avant-bras de l'each. Un simple test. Mais la sensation n'était pas aussi agréable sous cette forme-là. "Je n'avais pas reçu d'ordre ou d'indication de votre part. Je n'ai pas voulu me jouer de vous… J'ai juste voulu jouer." Comme pour illustrer son propos, la brosse fit quelques vrilles dans les airs, avant d'être rattrapée, de justesse. Un fin sourire étira les lèvres de l'each. Se sentir insolent ? Jamais. Ce n'étaient qu'explications. Empreintes de fierté, certes, mais de simples explications. Se jouer de son maître n'était toujours pas dans ses objectifs. "Et j'ai… Un instant songé que vous seriez fier de moi. Autant que je le suis. Avez-vous une seule idée de comment tout ceci s'est créé ? Je ne me suis pas contenté d'envoyer voler des objets ici et là. On pourrait presque même dire que je n'ai rien touché du tout. C'est le chaton, avec sa petite patte, qui a actionné le mécanisme que j'avais créé !" Il bombait le torse, fier comme un paon. C'est que, dans le monde merveilleux des poneys, de telles réalisations étaient très inhabituelles, et très éloignées de leurs modes de fonctionnement. Max estimait s'être approprié très vite et très bien cette particularité humaine. Cela lui donnait l'impression d'avoir plein de potentiel.
Léger mouvement d'épaules, regard qui se faisait tout de douceur, tout léger sourire un brin charmeur. Pour avoir l'air doux, attendrissant… Serait-ce suffisant ? "Croyez-vous vraiment que j'ai pu vouloir me détourner de vous, maître ? Voulez-vous encore que j'use de cette chose pour vous prouver qu'il n'en est rien, quand mon âme n'a jamais cessé de vous être dévolue ?"
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Elie Mortimer

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MessageSujet: Re: Effet Papillon et Baffes en Chaîne   Effet Papillon et Baffes en Chaîne EmptyMar 1 Sep - 0:08

Libération et délivrance, émancipation, indépendance....  Etait-ce là souhaits possibles pour un Each digne de ce nom ? Non, en théorie du moins, mais théorie n'était souvent que belles contrefaçons. Il avait tant aimé se jouer d'elles, les détourner, les user, les utiliser à sa guise, qu'il préférait ne pas réellement s'y fier, même pour de belles lois ancestrales censées les tenir sous leur emprise. Oh oui il entendait sincérité à travers ses mots offerts. Il entendait juvénile naïveté, dévotion sans faille, envers le maître qui détenait ses fers. Mais ce n'était là que séculaires dogmes liant l'each à son démon. Qu'âpres préceptes plaçant beau destrier sous le joug de son amphitryon. C'était soudain lois, qui à Mort ne convenait pas. Ne convenait plus. Un jeu dépassé, révolu. Il voulait...

Il voulait plus. Plus encore, toujours plus. Il voulait... que son Each par respect réel, dévotion entière, affection sincère, lui soit lié pour des ères immortelles. Il voulait... que ce compagnon ne se sente aucunement obligé de lui être dévoué, qu'à lui il se sente lié non pas par des lois, mais par une réelle foi, qu'il se sente à lui lié car aimé, affectionné, et qu'en retour il affectionne son maitre désiré. Déjà par le passé il avait ressenti pareille tendance étrange et déroutante, mais celle-ci semblait plus encore se prononcer. Vile constatation, terrible prise de conscience dérangeante, qui le figea soudain et manqua de le faire chavirer. Quel démon était-il donc pour se sentir si attiré par vils sentiments bien trop... humains ? Quel prince était-il alors pour s'avilir et se désavouer en de si détestables desseins ?

Il fallut tout son courage et surtout l'insolence naïve de son démoniaque destrier, pour qu'il parvienne à quelque peu se ressaisir de ce marasme éhonté. Léger serrement de mâchoire, veine battant furieusement à une tempe, alors que colère le hantait en cet instant, tentant vainement par ces signes de trouver exutoire. Le chaton... Et cette fierté mal placée... si candide pourtant de sincérité... Non, vraiment, cet Each là, maintenant, l'agaçait. Pourtant...

Oui, pourtant, il savait, sentit, qu'il ne devait pas laisser tonnerre rageur tempêter. Ce n'était pas le moment. Pas encore... Si jeune, si... mal dressé. Tant à apprendre, oui et tant à comprendre. Patience il se devait.

"Croyez-vous vraiment que j'ai pu vouloir me détourner de vous, maître ?

Oh non il ne le croyait pas, ne l'avait jamais vraiment cru. Mais cet énergumène agité se devait de comprendre les enjeux, et que tout n'était pas un dû. Si l'Each lui devait obéissance, son maître ne lui devait nulle allégeance. A tout instant son prince pouvait le renier... Même si jamais Eurynome ne s'y était un jour essayé. Vil affront aux règles ancestrales encore une fois. Si joueur il était, il ne s'en était pas senti courage ni foi.

- Ton âme m'est dévolue, et j'en suis fier. Mais tu dois encore apprendre mes règles à défaut de mes fers.

Il espérait bien ne jamais user de fers justement. II était peut-être maitre exigeant, parfois intransigeant, mais il ne se réjouissait guère d'infliger ce genre de tourments. Il préférait que ses liés le soient de leur propre voie, de leur propre choix, pleinement.

- Oui, je souhaite que tu uses de cette... chose déplaisante pour toi. Ordre je t'ai donné et si lié tu souhaites me rester, pour la dernière fois, obéis moi. Répare donc ton erreur. Et je réparerai les miennes en t'expliquant ce qu'ici tu peux faire ou ne pas faire. Il va te falloir aussi apprendre à me comprendre, quand bien même mes ordres ne te sont pas clairs. Nous devons apprendre à lire en nos coeurs.

Il se tut un instant, hésitant à expliciter ce à quoi il songeait en cet instant. Aux épreuves qu'ils pourraient avoir à traverser si jamais... démons en guerre, Enfers en plein tourment.... ses plus vieilles peurs prenaient soudain réalité dans peu de temps....

Oui, il devait savoir. Le plus vite serait le mieux, si jamais... Leur lien se devait d'être plus fort, plus concret. Que de l'un l'autre ils tirent pouvoir.

- Il pourrait arriver un temps où mes ordres te seront plus obscures encore. En ce temps tu devras pourtant comprendre ce que je veux, ce dont j'ai besoin, rapidement alors. J'espère que tu y parviendras un jour. Et le plus vite sera le mieux, pour moi, mais pour toi aussi, pour tous les deux. Il nous faudra ensemble déjouer bien des mauvais tours...

Puis, balayant d'un geste de main ces viles et sombres pensées, il désigna du menton la brosse que l'Each tenait encore tel un objet pestiféré.

- Allez. Et applique-toi, j'ai tout mon temps. Inutile de songer au chat pour t'aider en cet instant, rajouta-t-il un fin sourire sur ses lèvres pâles.

Tout en s'asseyant dans un mouvement pétri de prestance et d'élégance, sur un des rares sièges qui n'avait pas été souillés par ces bêtises inconscientes, il croisa les bras, nonchalant, sondant son lié de ses céruléennes opales.
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Max Adams

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MessageSujet: Re: Effet Papillon et Baffes en Chaîne   Effet Papillon et Baffes en Chaîne EmptyLun 7 Sep - 22:16

Le silence avait accueilli les paroles d'Elie. Ledit chaton était resté dans sa cage et semblait même s'y être fait, s'y étant endormi. Peut-être que le stress du voyage retombant était également une composante de ce sommeil. L'each était immobile, son regard d'ambre accroché à la silhouette de son maître, s'attachant à déconstruire ses envies, pour n'en tirer que ce qui l'intéressait, ce qui aurait dû l'intéresser. Servir Eurynome. Mais la monture avait été préparée psychologiquement à lui offrir toute l'énergie de son galop, toute la hargne de ses crocs, sur terre comme aux enfers, rien ne l'avait préparé à devoir… Nettoyer la demeure de fond en comble. Ce n'était pas un travail de destrier infernal, c'était un travail de domestique ! Jamais ses sabots n'avaient participé à une telle oeuvre, et l'envie de se lancer dans une telle aventure n'avait jamais été présente. Il le fallait… Mais il fallait également se donner l'envie qui servait de moteur pour chaque action.

Lentement, la silhouette de jeune adulte se tourna vers la tache la plus proche (tomate ?) pour commencer à frotter avec la brosse à poil dur. Bientôt, la taille de ladite tache poussa l'each de ménage à se mettre à quatre pattes pour s'occuper d'elle. Mais elle refusait de partir totalement. Sans doute aurait-il fallu du matériel supplémentaire… Max ne le savait pas. Pour lui, que cette brosse ne supprime pas la tache à son seul passage était anormal. Cela allait changer, petit à petit, quand ses connaissances physiques allaient s'interrogeraient à ce sujet.
Pas de grommellement, pas de moue désapprobatrice. Ce n'était pas pour autant que les pensées qui questionnaient une telle situation n'étaient pas absentes. Il y avait tant de choses intéressantes à faire avec un tel esprit ! Pourquoi le limiter à ceci ? Réparer ses erreurs… Ce n'était pas vraiment une erreur. C'était plutôt… Un malentendu. Comprenant qu'Elie avait raison, Max eut un froncement de nez mécontent, n'aimant pas s'être trompé. Son maître avait compris cette partie de langage que l'each n'avait pas, qui faisait défaut. Oh, c'était plus que des sous-entendus. Ceux-là auraient pu être appris auprès d'autres humains. Non, il leur manquait une communication bien plus fine, plus subtile, celle qui devait paraitre lier leurs deux âmes. Plus qu'un langage, c'était un travail sur son propre esprit que Max devait réaliser. D'each, il devait devenir la monture d'Eurynome.

Ses pensées prirent ce chemin, petit à petit, alors que moult jurons mentaux fusaient contre ces taches qui ne partaient pas. Quant aux taches liquides, inutile d'y penser, les mouvements de brosse ne parvenaient qu'à les étaler. Pourtant, tout avait été essayé. Même les tapoter. Peut-être partiraient-elles seules… Avec quelques coups d'oeil à son maître, Max remit deux ou trois objets en place, avant de retourner à ses tentatives de brossage, craignant que le rangement ne soit pas de l'ordre de ses attributions. Pourtant, cela paraissait bien plus dans ses compétences.
Max était resté muet. Ce n'était pas tant par bouderie, pour s'être trouvé obligé à pareille tâche. C'aurait pu, mais de façon inconsciente. Non, c'était bien plus parce que rien n'était à dire pour l'instant. Ainsi, l'each le rompit.

"- Je pense avoir compris."

On aurait dit une grande révélation, un noble aveu, une décision importante. Les jeunes gens annonçant qu'ils partaient pour la guerre ne prenaient pas un ton différent. Qu'Elie profite de cet instant: ce ne serait pas tous les jours qu'il verrait son each arborer un air aussi sérieux. Il serait, d'ailleurs, le seul à avoir ce privilège. Pour qui d'autre Max aurait un intérêt à ainsi agir ? La brosse frottait vigoureusement une tache sur le mur. Ce dernier allait peut-être finir par ne pas apprécier.

"- Comment puis-je savoir, désormais, si je me trompe dans ce que je crois être fidèle à votre volonté ?" Demanda l'each au mur, désirant commencer avant même que son travail soit terminé. C'était, de plus, une façon comme une autre d'occuper son esprit, et rendre la chose plus aisément supportable, et intéressante.
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Elie Mortimer

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MessageSujet: Re: Effet Papillon et Baffes en Chaîne   Effet Papillon et Baffes en Chaîne EmptyLun 21 Sep - 0:24

Immobile statue assise, observant l'each de son air calme et nonchalant, à la fois amusé et agacé des pensées de ce démon indolent, sa possession nouvellement acquise. Oui moult pensées agitaient ce petit Each éperdu,  Eurynome les sentait, les lisait, tel un livre ouvert, beau scriptes à sa curiosité offerts, et il ne savait que faire de toutes ces questions indues. C'était la première fois sans doute qu'il avait affaire à un Each si.. si... désobéissant. Non pas désobéissant, rectifia-t-il en son for intérieur, mais plutôt... bouillonnant. Impétueux, tempétueux, enjôleur et bien joueur, agité de curiosité, empressé devant nouveautés, facétieux et capricieux. Mal dressé. Oh oui bien mal éduqué. Si peu doté de ce savoir qu'Eurynome chérissait tant. Si peu doué en la compréhension de l'âme comme le Prince de la Mort le demandait à son Each en tout temps... Si peu...

Si peu apte à être son Each en un sens. Il y avait fort à parier que son dressage avait été effectué contre ses préceptes sages, sciemment et en toute conscience. Comme pour empêtrer le Prince démon d'un destrier incapable même d'obéir à son nom. Comme pour mieux affaiblir Eurynome en le privant d'une aide si chère à tout démon. Oui, certainement était-ce là voulu par ce maudit dresseur; ce mécréant sans nom. Sans doute ce dernier conspirait-il avec les ennemis ou du moins les opposants du Prince de la Mort. Mais aucune preuve en ce sens, possible paranoïa qui sans cesse le prenait au corps. Possible oui, mais... il ne pouvait se défaire de ce doute pernicieux, de cette sensation insidieuse, qu'un filet se resserrait autour de lui. Vile perfidie que celle de ses paires, il les connaissait, leurs vices odieux, leurs désirs envieux, leurs passions délétères. Il savait qu'ils se feraient une joie de le mettre à bas. Ils n'attendaient de lui qu'une erreur, un faux pas.

Le priver d'un destrier efficace digne de ce nom... Oui, voilà une perfidie dont ils étaient capables. Eurynome pouvait bien le répudier, lui lacher la bride et se libérer de ce vil don. Mais... mais jamais il n'avait répudié d'Each, même les plus indomptables. Sans compter qu'il lui faudrait encore attendre pour en posséder un nouveau. Non, décida-t-il, non il ne le répudierait pas non plus, ce bel idiot. Il était né pour lui après tout, il lui correspondait dans le fond. Oui, aussi agaçant soit-il, il se sentait attaché à ce stupide destrier démon. L'Each serait sien, et il lui apprendrait. Vite si possible, pour déjouer de ses paires les sombres méfaits...

"- Je pense avoir compris."

La douce voix claironnant dans l'air le sortit de ses songes. Surpris, il n'en trahit rien, paisible et pâle ombre. Cillant intérieurement de s'être encore laissé aller dans les sombres contrées de ses pensées. Aux aguets, toujours et encore, il se devait de rester alors. Se fustigeant mentalement d'une telle perte de vigilance, il rassembla ses esprits et leur pâle essence.

"- Comment puis-je savoir, désormais, si je me trompe dans ce que je crois être fidèle à votre volonté ?"

Belle question en effet, même s'il ne pouvait y répondre ainsi. De trouver de telles réponses ne lui revenait pas à lui. Mais la question de l'Each apporta un semblant de réconfort au démon. Tout n'était pas perdu, ce n'était pas finalement qu'un stupide fanfaron.

- Je ne peux te répondre de façon claire et concise. Car il ne m'appartient pas de trouver pareille réponse. Je ne peux que te guider à travers les ronces. Mais je ne peux trouver ni ton chemin, ni ta propre bise.

Réalisant soudain que cette réponse pouvait être fort décourageante, surtout pour cet être qui venait de faire preuve d'une bonne volonté déconcertante, Eurynome le prit en pitié et décida d'y mettre aussi un peu du sien. Autant que faire se pourrait il le guiderait sur cet étroit chemin. Sur ce dangereux sentier qu'était celui emprunté par tout destrier à Mort attaché.

- Apprends à me connaitre, et tu sauras ce qui est fidèle à ma volonté. Ces choses-là auraient dues t'être déjà inculquées. Mais qu'importe, les fauteurs seront châtiés. En attendant, attelons-nous à palier ces manquements éhontés.

Se disant, dans le dos de son Each il se coula, apposa sa main sur celle qui tenait la brosse, l'arrêtant dans ses mouvements sans anicroche, et souplement l'instrument en retira. Son souffle vint chatouiller l'encolure ainsi offerte, tandis que de sa voix suave il susurrait :

- Apprends à me connaître, mon fidèle destrier. Sois mien, magnifique être, sois mien, fier et altier. Et tu sauras ce que je souhaite, ce que je désire. Tout comme je saurais t'offrir ce à quoi tu aspires.

Il laissa tomber la brosse en un son mat, alors qu'il forçait l'autre à se retourner et le regarder. Il les força à rester ainsi, les yeux dans les yeux, comme prêts à se dévorer...

Avant de finalement rompre ce moment étrange, presque honni. D'un geste rapide, d'un pas en arrière, il offrit une main à son jeune ami, l'invitant à le suivre dans son éternelle nuit, dans son existence de mille ères. Une visite qui pouvait commencer dès cette nuit.

- Viens, je vais te faire voir certaines choses me concernant. Tu comprendras, je l'espère, certains de mes engouements.

[HJ : et non aucune proposition tendancieuse, vils esprits perfides et irrévérencieux. Vous ne savez pas encore ce que je vais proposer à mon Each préféré, que vos esprits ne s'échauffent pas trop, ou déçus bien vite ils seraient !
Si souci, je peux continuer. Je me suis forcé à m'arrêter là mais si matière à répondre tu n'as pas, je peux bien entendu éditer^^]

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