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 A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain

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Triss Walker

‹ MESSAGES : 56
‹ DATE D'ARRIVÉE : 01/08/2015
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MessageSujet: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptyMar 4 Aoû - 22:10

A SNAKE EATING HIS OWN TAIL

J'avais dessiné une robe. Avec des plis, des lacets, des ombres.. Ça m'a pris trois jours. Peut-être plus. C'était mon dessin le plus aboutit, et puis, il a finit à la poubelle. Δ OWAIN&TRISS

Une main passa négligemment sur les feuilles froissées. Caressant le bout des doigts celle qui ne l’intéressait pas, elle tira sur sa cigarette.
« Je vous l’ai donné il y a trois semaines. »
Trois putains de semaines. Le dessin aurait aussi bien pu être dans sa boutique que sur la Lune. A voir comment les cendriers, pleins, s’alignaient sur son comptoir, il ne fallait pas se leurrer. Seule dans sa boutique, les quelques clients qu’elle avait s’empilait les uns sur les autres. Seule dans sa boutique, elle mélangeait ses notes d’exorciste et celles pour les tatouages.
Un juron siffla d’entre ses dents. De ses yeux sombres, elle vérifia la date, ainsi que le nom inscrit à la va vite, en haut de la feuille. Encore une pour une chasse qui s’était glissée à la vue de tous.
« Je suppose que c’est pas un Ouroboros que vous voulez ? »
« Un quoi ? »
Triss lui montra le dessin. Serpent qui se mord la queue, simple, sans style. Epuré, presque. Définitivement pour une chasse.
« Ah, c’est ça ouais, le lézard rond. »
Triss écrasa sa clope en soupirant.

On l’avait appelée hier soir. Le mec sanglotait. Au bout de sa vie, et probablement, au bout de son flingue aussi. Durant toute la conversation, saccadée, elle l’avait imaginée un revolver sur la tempe. Prêt à céder à chaque fin de phrase. Il en pouvait plus, n’en dormais pas. Je suis désolée de venir à vous ainsi, j’ai.. Un peu bu. Triss, elle, était désolée de se retrouver à l’écouter vers près de deux heures du matin. Pathétique homme qu’elle n’avait jamais croisé que deux fois. Au moins avait-il gardé son numéro – pour pleurer semblait-il, mais aussi pour une chasse. Ou une sorte d’enquête, elle n’avait pas bien compris. Pas bien voulu comprendre non plus. Un rendez-vous avait été fixé.
Le temps de raccrocher, et l’homme ivre lui avait déjà avoué qu’elle était sa meilleure amie.
« Vous avez dit que ça s’appelait comment déjà ? »

Le noir s’infiltrait sous sa peau comme les conneries s’extirpaient de ses lèvres. Bien que Triss n’était là que depuis peu de temps, elle avait déjà eu son lot de tatouages bidons. De ceux qui ne dureront pas, comme une date de mariage, ou le nom de sa fiancée. De ceux qu’ils regretteront tels de beaux panneaux publicitaires avec le logo d’une marque bien plus riche qu’ils ne le seront jamais. Dieu devait exister pour lui avoir pour l’instant épargné les signes chinois et leur traduction douteuse.
Triss appuya sur l’aiguille et força l’homme à se mordre les joues. Elle savait que quelle que soit sa réponse, celle-ci n’allait pas plaire à son client. Elle savait que quelle que soit sa réponse, celle-ci n’allait pas être forcément polie. Si très saine d’esprit. Lentement, elle repassa sur les bords. Dire à ce quinquagénaire faisant partie du club de motards du coin qu’il se faisait tatouer un symbole utilisé par des nécromanciens n’était peut-être pas la meilleure publicité à se faire. Essuya le sang et l’encre. Ni la meilleure des couvertures.

La porte s’ouvrit.
« Triss ma belle ! »
Sa bonne humeur la crispa. L’expression bien trop familière la fit grimacer. Lui ne dû voir là qu’une tentative de sourire, et lui pris chaleureusement la main. Ses paumes étaient moites. Ses pupilles comme des tête d’épingle.
Triss vit lentement le flingue se matérialiser contre la tempe de l’homme.
D’un mouvement de tête, elle l’invita à le suivre au fond de la boutique. Passa une porte, puis deux. Pour la troisième, la clef bloqua dans la serrure avant de céder. Comme si, gênée, elle ne souhaitait pas laisser entrevoir l’autre monde qui se situait derrière. L’homme siffla. Un peu trop fort, il se demanda si cette image là-bas était bien celle des runes permettant de conjurer un – avant que Triss ne le fasse taire d’un regard froid. Il bredouilla une excuse. Elle se contenta de renifler. Avant de quitter la salle, elle lui demanda de patienter là. Le temps que l’autre gus se pointe.

« Donc, mon dessin, c’est qui l’nom ? »
Pour toute réponse, elle lui annonça que les contours étaient bientôt finit. Qu’il allait falloir repasse d’ici 3.. Non, 4 jours, ça vous ira ? Elle annonça le prix, il chercha son portefeuille. Les dix livres qu’il déposa fièrement lui firent hausser un sourcil. Explications. Excuses plus ou moins valables. Il ne repartit que lorsqu’elle rangea sa carte d’identité en gage.

« Regardez le signe. »
Triss et l’homme attendaient désormais dans la boutique. Ou plutôt, Triss rangeait tandis que lui partait passer quelques coups de fils. Très important qu’il disait. En rapport avec ma nièce possédée, vous savez. Les toquements se firent plus insistants. Elle jeta un coup d’œil à son client, encore plongé dans son appel. Si ce fameux détective était sur le point d’arriver, ce n’allait pas être son recruteur qui aurait pu lire ses messages.
Nouveau soupir en se levant.
« C’est ouvert de 10h à 19h, y’a juste des extras pour les- »

Triss ouvrit la porte. .. habitués mourut sur ses lèvres.
« Parfait, on va pouvoir commencer à parler. »
Rangeant son téléphone au fin fond de sa poche, l’homme la bouscula. L’invita à entrer, lui serra la main. Elle n’arrivait pas à décrocher son regard de lui. De peur de se tromper, peut-être. Un dessin d’ouroboros glissée par mégarde. Une erreur, ce n’était pas lui.
Un silence attendit une présentation de sa part.
« .. Vous vous connaissez peut-être ? »
© GASMASK



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Owain Rowe

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MessageSujet: Re: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptyJeu 6 Aoû - 3:29

Un nuage de caféine, quelques cachets et un chargeur plein. Sous ses yeux massacrés par l’insomnie, les conséquences de cet appel tardif se concrétisent. Sa cigarette prolonge ses mouvements alors qu’il ramène la porcelaine pour mieux l’associer aux cendres. A la bouffée suivante, il expire sa lassitude d’un soupir rendu pesant par le silence. Sa foutue table en plastique élimé se permet tous les excès et grince désagréablement alors qu’il se penche pour agripper sa tasse. Le pied du mobilier bon marché bascule dans toute sa précarité, provoquant cet équilibre instable qui fortifie sa propre maladresse. Entre ses doigts tremblants, la clope vacille. Elle s’effondre sans plus de cérémonie au fond du breuvage qu’il n’aura même pu goûter, dispersant à la surface obscure, une traînée d’escarbilles encore tièdes. La grisaille influence le moka et sans plus d’émoi, il se redresse pour jeter la souillure dans l’évier. Pas de nectar donc. Irrité par ce faux départ, il se traîne jusqu’au flacon pour en extirper plusieurs gélules qu’il avale en s’abreuvant directement au robinet. Le métal capitule sous sa poigne acérée et tout aussi sûrement défaillante. Ça ne calmera pas la migraine, ni le manque d’enthousiasme mais au moins, ça empêchera  aux mains de s’agiter et de répandre la vérité. Il n’est qu’un camé en sursis. Beaucoup de croix sur le calendrier mais aujourd’hui, dans la contemplation, il n’y a aucune fierté à récolter. Juste de l’encre noir sur du papier blanc. Des gribouillages pour faire croire à une chasse au trésor alors que le butin en bout, la seule résultante c’est qu’il se sent foutrement mal à chaque instant. Aucune pièce d’or au bout de ce périple, seulement un vieux rat mort, crevé qui pue la rage et qui encombre la cervelle ainsi que les poumons. Un cadeau empoisonné, ce sevrage mais pourtant, nécessaire. S’il veut encore payer ses factures cela dit. Il ne sait pas toujours très bien pourquoi il se donne encore des buts. Peut-être par habitude.

L’horloge infecte sa morosité pour le presser. Le tic-tac incessant corrompt son indifférence latente et engrange de nouvelles séquelles dans sa quête de vide mémoriel. A croire qu’il ne peut jamais s’empêcher de réfléchir. Il s’épuise. Fixant les aiguilles d’abord, sans même réagir, il finit par déserter le tabouret pour emporter son paquet de nicotine et l’un des réceptacles qui abrite soigneusement ses calmants. Les frémissements ont enfin cessé quand il décroche sa veste du crochet à l’entrée. Avant de l’enfiler, il s’assure que l’holster tient bien en place, que son arme y repose et qu’il a avec lui de quoi l’alimenter. Il ne sait pas à quoi s’attendre. Il évite d’embarquer le flingue d’ordinaire pour ne pas effrayer la clientèle. Mais là, il ne s’agit pas de n’importe qui. Et surtout pas de n’importe quoi. Ce n’est pas la première fois que ses enquêtes le mènent à frôler d’autres faits surnaturels bien qu’il tende à s’en écarter. Par simple instinct de préservation. Forcé pourtant de reconnaître qu’en ces temps troublés, il doit revoir cette ligne de conduite. La couleur de l’oseille ne doit pas être négligée. Ce n'est pas tant qu’il participe à la construction de cette société de consommation d'une façon insolite - en remplissant inutilement ses pièces et son frigidaire. Néanmoins, endormir ses vieux démons réclame tout de même une certaine somme qu’il ne peut acquérir que par ce biais. Si pour tenir sur ses guiboles, il doit s’allier à une exorciste. Alors qu’il en soit ainsi.

Les rues se ressemblent, les visages aussi. Des copies effacées de souvenirs à peine mâchés, des simulacres d’humanité qui se pressent dans des allées trop étroites. Il s’y insère sans grande conviction. Loup parmi les hommes. Il faudra veiller à ne pas alimenter les soupçons. Tout ce qui brandit une croix est susceptible de défaire ses pêchés, de les imprimer à même la pupille qu’il devra alors tarir  dans l'espoir que ça ne se retourne pas contre lui. La culpabilité disperse son mépris sur son faciès décomposé mais l’heure n’est déjà plus à la contemplation de la plaie. La boutique s’impose subitement à sa vision. La devanture soumet ses méninges à de vagues réminiscences. Il est déjà passé par ici plus d’une fois sans même l’observer. En même temps, mêler l’encre à la chair pour tracer de façon permanente des symboles éphémères relève, selon lui, de la sottise. Mais on ne refait pas les hommes. Pas plus qu’on ne peut contenir l’animal. Déterminé, il s’annonce et attend pudiquement sur le seuil qu’on vienne le cueillir. Son regard coulisse sur des détails négligeables. Déformation professionnelle. Attention vacillante qui se replace sur l’entrée brutalement pourtant quand cette dernière s’ouvre.

La première fois qu’il l’a vue, elle se tenait aussi dans l’encadrement de la porte. Elle était beaucoup plus petite, beaucoup plus maigre mais dans ce même regard, il retrouve ce qu’il a toujours décelé chez elle, depuis le premier instant. Cette force de la compréhension et cette mise au défi implicite. Elle n’a jamais craint les vérités et cette composante semble encore plus réelle maintenant que l’expérience a taillé chacun de ses os. Triss. Sa Triss. Saisi par la surprise, l’air s’engouffre dans le larynx pour ne plus en ressortir. Le chaos se dispute ses traits. Déchiré, il veut reculer quand alors, l’autre s’invite dans leurs retrouvailles. Il se retrouve à l’intérieur sans savoir comment. Sa paume accueille celle de l’homme mais il ne sent même pas la pression exercée. Désorienté, il fixe des points sans les comprendre avant de revenir la chercher, elle. Il n’arrive plus à aligner les causes, ni les raisons. Juste à s’immerger dans les interrogations à défaut de crever devant sa lâcheté répétée. Il  ignore sciemment l’intrus. Il en oublie l’époque et sans doute, aussi sûrement ce qu’il est. Treize années à rattraper. Treize années à se faire pardonner. Il ne sait même pas comment s’y prendre. Alors il se tait finalement et se contente d’en avoir mal à la poitrine. Combien de chance de la retrouver vivante, saine et sauve après la tragédie ? C’est peut-être bien un autre de ses foutus mirages alors il doit le vérifier quitte  à démontrer son aliénation. Quand il arrive enfin à avaler correctement son oxygène, il se permet de traîner la voix sur plusieurs notes rocailleuses. « Mais qu’est-ce que tu fiches… ici ? » Pas d’accusation. Seulement beaucoup de confusion.
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Triss Walker

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MessageSujet: Re: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptyJeu 6 Aoû - 20:05

A SNAKE EATING HIS OWN TAIL

J'avais dessiné une robe. Avec des plis, des lacets, des ombres.. Ça m'a pris trois jours. Peut-être plus. C'était mon dessin le plus aboutit, et puis, il a finit à la poubelle. Δ OWAIN&TRISS


Elle s’était déjà posé la question. S’était imaginée la scène. Lui et elle, ensembles dans une vie moins merdique qu'était celle qui les a séparé.. Plus ou moins. Triss n’était pas le genre de nana à être mélancolique, encore moins à regretter. La vie était trop courte pour cela – surtout sa vie à elle. Perdre son temps à ruminer le passé comme un chien sur un vieil os pourrait la tuer. Les exorcistes n’ont pas de temps à accorder à ce plan mortel, James aimait dire. Le cul entre deux chaises, constamment en train de chasser ceux qui ne mourraient pas elle ne pouvait pas mener une vie auprès de ceux qui mourraient. Les humains, comme elle. A force, elle avait finit par s’exclure de cette catégorie bien trop naïve et fragile.
Seul ce naïf rêve réussissait à obstruer sa vie courante. Seul ce réflexe de revivre cette scène ou il avait tué son père, à chaque fois qu'elle voyait son fusil de chasse. Cette habitude de revivre son abandon à chaque fois qu'elle s'armait d'un fusil de chasse. Et cet automatisme de se mordre les joues en voyant bêtement une fratrie.
« Mais qu’est-ce que tu fiches… ici ? »
C’était une bonne question. Sa main brûlée la démangea. Réflexe qu’elle avait toujours eu, preuve de son humanité qui arrivait à subsister. Preuve de sa gêne. Preuve de sa faiblesse. Devant lui, là, à cet instant, elle ne s’autorisera pas à le montrer.
« J’attends un détective. »
Triss fourra ses mains dans ses poches. Triss lui refusa le simple titre de frère. Il n’était qu’un cooéquipier l’espace d’un temps murmurait sa colère sourde. Treize années à imaginer ce scénario, treize années à porter en elle la frustration d’avoir été abandonnée par l’unique personne qui n’en avait pas le droit. La gosse en elle avait envie de lui sauter au coup, tandis que l’adulte voulait le lui ouvrir en grand.
Sourit pour la photo de famille, frangin.

Mécaniquement, elle jeta un coup d’œil à l’embrasure de la porte. Le glyphe de protection contre les démons n’était pas effacé. Celui qu’elle avait en face de lui était malheureusement le vrai.
« Et je crois qu’il vient juste d’arriver. »
D’un signe du menton, elle invita le client à la suivre dans l’arrière-boutique. Lui, il pouvait faire ce qu’il voulait. Repartir, comme il l’avait fait. Ou la suivre. De mémoire, Judas n’avait jamais rendu la bourse et empêché la crucifixion. La porte était encore ouverte. Owain pouvait repartir tel un mauvais souvenir, et ne plus jamais revenir.

Poussant les feuilles volantes d’un côté du bureau massif qui trônait dans un coin de la pièce, elle sortit un dossier. Rangea les cadavres de bière qu’elle bouscula au passage. Jura lorsqu’elle fit tomber un cendrier bien plus que rempli au sol. A par son bordel ambiant et le bureau, la pièce était couverture de dessins. Macabres tapisseries murales la Dame à la Licorne s’était transformée en Succube et Baal. Telles de vieilles armoiries, différents glyphes et runes étaient mis au ras du plafond. Protection contre l’extérieur ou ses propres démons, Triss n’aurait pu le dire.
Elle releva les yeux.
Nouveau juron. Il était toujours là.

« Donc.. Daisy O’Hara. »
De ses notes mal écrite, elle regardait ce qu’elle avait pu tirer des sanglots de l’appel nocturne.
« Devait vous rendre visite mais n’est jamais venue. Aucune nouvelle depuis. »
S’asseyant dans son fauteuil, elle le laissa parler. Il ne semblait jamais s’arrêter. Discours aussi long qu’inintéressant. Alors que le flot de mot était sans fin, le regard de Triss restait fixement resté sur l’homme. Pas sur lui. Ne pas lui prêter attention, l’ignorer était ce qui pouvait le plus l’atteindre. Tout comme leur parents les ont ignorés. Tout comme lui l’a simplement oubliée.
Parfois, ses pupilles dérivaient. Tout de même dans son champ de vision, Owain agissait sur elle comme un aimant. L’envie de le voir, enfin. L’envie d’oubliées les années où ils étaient séparés. De se rouler en boule, comme les gamins qu’ils étaient autrefois. C’était son visage surtout qui la fascinait. Ce visage aux traits si familiers mais à la fois vieillit. Fatigué. Ceux de ceux qui travaillent et meurent à la tâche.
Au moins, encore avaient-ils un point commun.

Même si son attention était parfois déviée par son frère, Triss n’apprécia pas ce que dit l’inconnu. Des quelques phrases interminables qu’il avait dit avec précipitation et qu’elle avait suivi en entier, le gars était parano. Bonne chose pour ceux comme elle – terrible stupidité pour tout le reste. La disparition de sa nièce n’avait rien d’infernal. Peut-être une autre créature, oui, vu la manière dont son client les attirait.
Quelques photographies furent balancée à l’avant de son bureau. Intercepte la balle frangin. Entrainement au baseball avec un lanceur aveugle et un receveur qui ne savait pas comment est-ce qu’il était arrivé là. Triss avait imprimé un surplus d’images pour le détective, au cas où. Si elle avait su, elle se saurait simplement recouchée après l’appel.
Raclement de gorge.
« Mr. Jenkins, si vous n’avez pas plus de précisions à nous donner, je pense qu’on va pouvoir débuter à chercher moi et.. »
La fin de sa phrase mourut sous le bureau lorsqu’elle se pencha pour ouvrir le freezer, et sortir une nouvelle bière. Ne comptez pas sur elle pour dire son prénom. Le client avait compris. Owain aussi. Jenkins dit qu'il ne savait pas, que peut-être il avait d'autres informations à nous donner. Sortant un briquet de sa poche, elle décapsula une bouteille et en proposa à l’homme qui refusa poliment.
« C’est Daisy. Photo récentes. »
Les images qu’elle lui avait balancées. Petite précision que dans sa grâce, elle daigna donner. Petite précisions qui encouragea le client à en apporter de bien plus inutiles. Il était repartit.
Triss pris une gorgée comme une alcoolique le ferait pour oublier.

© GASMASK



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Owain Rowe

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MessageSujet: Re: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptyDim 9 Aoû - 14:49

Elles sont légion, ces réminiscences qui s'amassent, se déclinent, et s'agglutinent littéralement à ses tempes pour lui concéder toutes les vérités que le temps a gaspillé. Enfoncer l'aiguille dans les veines, distiller la morphine dans le sang corrompu par la malédiction afin qu'on lui reprenne cette mémoire ébréchée. Afin de se débarrasser de tous ses fardeaux. Le poids de la croix s'aligne déjà contre sa carrure et le force à baisser la nuque plus d'une fois. Crucifié par ses décisions, par cet abandon involontaire, par ce crime entêtant qui s'accule dans la rétine de sa demi-soeur. Le jugement le condamne dès qu'elle oriente ses prunelles vers sa carcasse. C'est un coup de marteau qu'elle balance à chaque regard et qui l'emprisonne dans son plus horrible pêché. Captif de cet échange muet, il ne parvient même plus à comprendre le sens de ses mots. Il se contente de fixer les zones évaluées neutres de ce qui est, de toute évidence, sa boutique. Il croit encore naïvement qu'elle n'en est que la propriétaire. Ses dessins, son talent, ça n'a rien de surprenant. C'est même inespéré. Le détective remue à peine. Passif, il laisse les secondes s'engranger et calmer sommairement le choc qui l'écroue à une culpabilité vorace. Mais déjà l'urgence le presse à dissoudre l'anesthésie locale des méninges pour endurer les retrouvailles. Ils s'éloignent tous deux. C'est sa meilleure chance pour partir sans fracas mais c'est surtout le meilleur moment pour rester. Il est certain qu'elle lui offre l'issue la plus simple dans cette indifférence méritée. D'ailleurs, s'enfuir aurait dû être l'option la plus aisée qu'il ait à choisir mais demeurer dans l'ignorance, réitérer la fugue alors qu'il est déjà endetté par le passé, lui semble inconcevable. A vrai dire, il ne réfléchit même pas quand il les suit. Son pas se règle sur le sien immédiatement. Après avoir passé autant d'années à endormir son existence à coup de cocktail médicamenteux, il apprécie presque de la sentir pulser aussi douloureusement dans sa poitrine. Au moins, il sait maintenant que sa protégée n'est pas morte, ni en prison par sa faute. C'est tout ce qui compte pour l'instant.

Abrité d'une nouvelle pièce, déconstruit par tous ces indices délaissés nonchalamment dans l'endroit, il cherche à deviner sa vie désormais. Débarrassée de son père et de lui par la même occasion, sans sa génitrice pour dicter sa conduite. Qui a t-elle choisi de devenir ? Sa curiosité pique la gravité de la situation et l'oblige à la couver un instant des yeux, sans salir son aura de ses méfaits. Redevenu frère à défaut de continuer à subsister en tant que rejeton d'un démon, être celui qui a surpassé la menace paternelle pour devenir le meurtrier Ça ne le quitte jamais tout à fait, peu importe les drogues ou l'alcool, peu importe les autres vices qu'il collectionne. C'est là. En lui. Comme s'il devait accueillir en son sein, l'âme putride de celui qu'il a refroidi sans même osciller. Il porte les stigmates de son héritage et plus vivement encore, de la violence de cette nature qui en a résulté. La jeune femme s'occupe de rassembler son bordel, il y trouve l'écho de leur sous-sol désordonné. La mélancolie tisse sa fatalité sur son faciès fatigué. Il n'a pas assez d'énergie pour endurer une épreuve de cette envergure. Il lève la tête inconsciemment au plafond et sans doute que c'est dans cette contemplation de la tapisserie qu'il se décide à comprendre. L'exorciste, c'est Triss. La réalité rattrape la rythmique aortique. Il éprouve des difficultés à aspirer l'air, ses doigts fouillent la poche, jouent avec le capuchon du flacon qu'il a consciemment emporté. Deux nouvelles gélules se rassemblent au creux de sa paume. Il tourne le dos aux deux protagonistes, prétextant observer des créations placardées au mur pour les avaler sans plus de cérémonie avant de revenir au centre de la salle pour la jauger, l'apprécier dans cette nouvelle perspective qui le laisse pourtant rudement perplexe.

Peut-être son futur ennemi mais quand bien même, ça ne le dérange même pas. Qu'elle le tue pour ce qu'il est, ça lui semble même tout naturel. Mais pourquoi, parmi toutes les possibilités, avoir choisi le danger ? Il n'approuve pas mais ne peut que se taire. Il n'était pas là pendant treize ans. Il n'a plus rien à redire. Il n'a jamais eu ce droit d'ailleurs. Ils ne partagent même pas un peu de leur ADN. S'adossant à un mur, cherchant sans doute à prendre le moins de place possible dans un endroit qu'il ne devrait même pas hanter, il veille à monopoliser juste assez de concentration pour évaluer le cas assigné. Quand elle parle, il ne peut que l'observer. Le client reprend un récit incohérent et totalement futile à sa suite qui n'attire déjà plus l'attention du loup. Owain se laisse distraire par sa mémoire et ne réagit que tardivement au dédain exprimé par sa coéquipière. Pesamment, il s'approche des clichés qu'elle a balancé et qui se sont effondrés au sol. Il les ramasse avec une indifférence proche de l'apathie et les passe en revue très vite, trop vite pour donner l'impression de s'y intéresser. Elle reprend en otage l'environnement sonore. Inachevée sa mélodie suggère le partenariat et le réfute en n'allant pas au bout de sa sémantique. Ils verraient ça plus tard. Il a bien compris qu'elle le soumettait à la sentence parentale. Il n'attend déjà plus rien d'elle ni de cette collaboration mais ne peut pourtant pas s'empêcher d'exister. Comme avant d'ailleurs. Déjà agacé par la seconde tirade de l'intrus à cette réunion familiale, il se permet tous les excès en le coupant en plein monologue. « J'ai trouvé les dernières adresses où votre nièce a logé, il semble qu'elle ait eu quelques ennuis de payement. J'ai pris également contact avec l'une de ses proches amies avant de venir. On devra l'interroger dans les jours à venir. J'ai également eu les coordonnées de son dernier petit copain. » Sortant ses notes, calligraphie incertaine, penchée, prête à s'écrouler sur les lignes comme son auteur, qu'il dépose prudemment sur le meuble le plus proche de sa partenaire sans chercher à rejoindre ses prunelles.

Il recule alors presque aussi brusquement et s'intéresse à l'homme. « Rien ne suggère qu'elle soit possédée. Il est encore trop tôt pour mêler une exorciste ...  »   Le mot claque comme une insulte sur sa langue. Ce n'est pas l'intention. Il désapprouve seulement qu'elle en soit une.  « ... A cette enquête. Je peux me charger des interrogatoires dans les règles et fouiller son dernier appartement seul, si vous m'en donnez la permission ainsi que le laisser-passer. Si des indices pointent dans cette direction et qu'elle est bien possédée, alors peut-être que nous pourrions... » Mais il l'interrompt à son tour, s'offusquant de que son enquêteur ne soit pas à même de voir les signes évidents. « Vous n'y connaissez rien en matière de surnaturel de toute façon, c'est pour ça que nous avons besoin d'elle ! » Paresseusement, le lycanthrope tire une cigarette de son paquet. Si seulement ce mec savait... «  Vous ne m'avez pas l'air d'être non plus le plus grand expert du coin. » Allumant sa cigarette sans même consulter la locataire, il tire une longue bouffé de nicotine et renvoie la fumée sur les glyphes étranges qui les entourent. Peut-être que c'est une provocation pour qu'elle lui témoigne de l'attention. Gamin puéril. « Mais c'est vous le patron de toute évidence... »  Son cynisme écorche l'ambiance électrique. Il perd patience, les nerfs à vif. « Cela dit, c'est elle qui s'y connaît apparemment. Alors, ça ressemble à une possession ? Et pas à une fugue d'une gamine qui a des emmerdes ? » Il soutient le regard de sa soeur et s'y abîme volontiers. Quelle sentence lui réserve-t-elle pour son insolence ? Pour une fois, il préférerait la colère et les paroles acerbes au silence qu'ils ont toujours entretenus pour se comprendre.
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Triss Walker

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MessageSujet: Re: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptyDim 9 Aoû - 18:01

A SNAKE EATING HIS OWN TAIL

J'avais dessiné une robe. Avec des plis, des lacets, des ombres.. Ça m'a pris trois jours. Peut-être plus. C'était mon dessin le plus aboutit, et puis, il a finit à la poubelle. Δ OWAIN&TRISS


Elle l’entendait parler. Répéter cette vieille phrase, abîmée par les années à être obsolète, seule mantra que la païenne possédait. Faire la différence entre le bordel et la saleté. Leur appartement était à peine deux fois plus grand que son bureau actuel. Laissant le client parler, Triss caressa du regard la pièce, pour éviter d’avoir à le regarder lui. Mais quel bien cela pourrait-il lui faire ? Abandonner un démon du passé pour un autre. Deux fois plus petit, mais deux fois plus bordélique. Sa mère amassait les choses dans le dépotoir qu’était leur vie. Les lampes qui ne fonctionnaient plus. Des hommes qui ne rappelaient jamais. Une fille qu’elle n’aimait pas. Obsessivement, elle l’avait murs et plafond en se répétant qu’au moins, ce n’était pas sale. Juste mal rangé. Un peu en désordre. Un jour, lorsqu’elle en aura le temps, elle rangera. Fera table rase de sa vie, pourra apercevoir sa fille entre deux tour jumelles de vieux magazines.
Plus Triss observait, plus elle ne pouvait s’empêcher d’avoir la désagréable sensation de devenir le simple prolongement de sa génitrice. Ignorant la cendre au sol, les tâches étranges qui souillaient le parquet grinçant, elle se disait que c’était pas sale. Qu’elle avait sa pour elle. Et puis, ses pupilles revenaient buter contre une tâche qu’elle ne pouvait pas enlever. Peut-être n’avait-elle pas envie de la frotter, aussi. Peut-être avait-elle juste envie de l’observer, dans le but de voir dans ce marc de café aux traits si familiers quel destin l’attendait. Dans le but de voir dans le dessin sombre cinq doigts. Une paume ouverte. Une main tendue.

Une bouche qui s’ouvre. C’était à lui de parler, c’est bon, il avait finalement osé. La tâche s’infiltrait doucement sous les lames de bois. Revenait dans sa vie, en pleine face. Triss nota qu’il dit l’inclua dans ses recherches. Elle pris une nouvelle gorgée. Il sembla lui tendre la main.
« Rien ne suggère qu'elle soit possédée. Il est encore trop tôt pour mêler une exorciste à cette enquête.  »
Puis, il tira de nouveau deux coups de fusil de chasse. Sa paume brûlée la démangea de nouveau. Reportant ses pupilles sur le dossier étalé devant elle, elle fit mine de s’y intéresser. De n’écouter qu’à moitié. Réaction juvénile face à celui avec qui elle n’a jamais été qu’une gamine. L’homme s’égosillait de nouveau. Triss mordit sur les mots de son frère. Rongeait dessus comme un chien sur un os, sauf que cette fois-ci, ce n’était pas sur le passé. Mais sur ce qu’il venait de dire. Le rictus qui se voulait être sourire répondit en écho à ce que Jenkins lui rétorqua.

Crissement du briquet. Expiration sourde gorgée de fumée. Owain ne voulait pas de son absolution. Une clope à la main, il crachait volontiers sur toute possible tentative de confession. A trop l’avoir observée, ignorée, la tâche voulait qu’elle soit vue. Plusieurs fois, Triss avait retrouvé sa mère à même le sol. Une éponge à la main, en train de chialer. Une myriade de produits de ménagère autour d’elle pour la consoler. Si lui voulait qu’on l’efface de la surface, il n’avait qu’à demander. La chose brisée qu’était sa mère n’avait pas détint sur elle. La chose brisée qu’il avait abandonnée était morte dans une allée lorsqu’un clodo avait décidé de la violer. Il ne la verra pas à genoux à terre, si c’était ça qu’il voulait.
« Cela dit, c'est elle qui s'y connaît apparemment. Alors, ça ressemble à une possession ? Et pas à une fugue d'une gamine qui a des emmerdes ? »
Leurs regards se croisèrent. L’incompréhension avait laissé place au défi. Owain venait de lui renvoyer une balle qu’il avait reçu en pleine tête. A son tour d’être assommée.

L’homme avait aussi son regard braqué sur l’exorciste. Un silence s’installa, le temps qu’elle boive. Qu’elle réfléchisse. L’envie viscérale qu’elle avait de vouloir virer le traitre d’ici entrait en contradiction avec la provocation qui lui brûlait les lèvres. Triss était plus endurante que lui à ce jeu.
« Je te montrerai à quoi ça ressemble lorsqu’on l’aura trouvée. »

Plus tenace parce qu’elle avait un caractère de chien. Plus tenace aussi parce que, si elle se résignait à ne pas faire cette chasse, elle perdrait la prime que lui avait promis le client. Tant pis si ce n’était pas pour elle. Tant pis si elle aura à se le coltiner.
Au moins, lui aussi devra la supporter.
« Les démons aiment habiter ceux faibles d’esprits. Un jeune adulte comme Daisy peut être un bon exemple. Une fuite, un abandon de tous ceux à qui elle tenait. »
Fait chier qu’il soit pas un démon lui-même. Au moins aurait-elle eu le privilège de se défouler sans qu’il ne l’ouvre.
« Sauf qu’à force de se penser introuvable et loin de ses soucis, on peut rapidement se retrouver dans d’autres emmerdes. »
Salut Owain, je suis la merde que t’es venue chercher après m’avoir si longtemps évitée.
« Dans ce cas-là, un démon. »
Dans ce cas-là, ta putain de sœur.
« Y’a un cendrier pour l’éteindre. On ne fume pas ici. »
Du bout des doigts, Triss poussa l’objet au bord de son bureau. Il était plein à craquer.

« Sachez en tout cas qu’avec un détective pour faire par-dessus le travail de recherche que j’ai déjà effectué est le moyen le plus sûr pour que nous retrouvions votre nièce. »
Se dire que ça ne pouvait pas être sale, et nettoyer compulsivement une tâche qui ne voulait pas partir. L’homme passa outre le sous-entendu de sa propre stupidité et la remercia. Ses mots se perdaient entre leur inattention commune avant qu’il ne plaque sa main sur sa poche. Appel important. Excusez-moi, comprenez bien.. ça peut être à propos de ma nièce. Vous savez, Daisy.
Il se leva et partit.
Triss bu une gorgée de sa bière. Sourit à son frère.
« Dégage. »
Sa machoire était serrée. Ses dents grinçaient. L’os qu’elle rongeait allait bientôt céder sous ses crocs.
« Dégage et ne revient plus jamais ici. »
Sa voix se voulait forte – elle n’était qu’un sifflement. Ses mains se voulaient être sous contrôle – mais elles tremblaient. Mais sa dextre lui lança dessus la bouteille presque vide de bière qu’elle tenait. Agir avant de réfléchir. Paniquer avant de céder. Illogique, mais bien trop blessée depuis bien trop longtemps, elle avait juste envie de lui arracher du visage cet air qui n’avait pas sa place ici. Cette âme, cette ordure d’une nouvelle sorte qui avait pénétré ses barrières. Si ni sa lame ni l’eau bénite pouvaient avoir d’effet sur lui, alors Triss règlera ça à la régulière. Sans hésiter, elle s’empara d’un cendrier pour de nouveau le lui jeter.
« C’est ce que tu voulais, que je m’énerve ? Tu cherchais une bonne excuse pour me cogner, sers-toi frangin, et défoule toi bien ! »
Elle ne faisait que tendre l’autre joue. Elle ne faisait qu’attendre les coups pour savoir si elle rêvait ou non. Mettre le bordel, pour éviter que la saleté ne s’incruste.

C’était pas ça qu’elle disait, sa mère ?

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MessageSujet: Re: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptyLun 10 Aoû - 2:26

C'est presque une seconde nature pour lui. Provoquer, susciter l'agacement. Il a dû apprendre ça dans les couches pour qu'on s'intéresse à lui. Ça n'a jamais vraiment fonctionné pourtant. Ça lui a juste apporter des emmerdes qu'il n'a pas oublié. Peut-être qu'il n'aurait jamais pensé devoir agir comme un gosse insolent pour que Triss daigne l'observer. L'égo ne remet pas en question cette démarche. Mais l'attachement le soumet à l'impitoyable jugement. Qui sont-ils devenus pour avoir à reproduire des schémas dysfonctionnels afin de coexister dans le même espace ? A une époque, ça ne les dérangeait pas de devoir partager la même pièce et de dormir serrés l'un contre l'autre. Ils ont partagés plus qu'un bout d'histoire. Du moins, c'est ce qu'il croit.  Les fondations de leur fraternité ont été à ce point ébranlées quand il a dépassé leurs limites et mis un terme à leur souffrance respective en abattant le bourreau ? Il s'est enfui avant de le découvrir et il paie chaque seconde d'absence, par ce mépris justifié. Il n'a jamais été préparé à ça pourtant. Et il ne peut pas réagir rationnellement alors qu'il la perd une seconde fois sans rien pouvoir faire. Sa seule famille se tient là, drapée dans ses erreurs et enhardie par les épreuves qu'il a fallu traversées quand il l'a délaisséet après le choc. Ses cris, ce jour-là crépitent encore dans l'atmosphère, transforme la densité de l'air et le cloue au plancher. Tu n'es plus mon frère. C'est sûrement vrai au fond. A quoi s'attendre ? Il lui a volé la totalité de ses convictions. Il a repris l'image qu'il s'était appliqué à bâtir pour qu'elle puisse s'appuyer sur lui, il l'a réduite en charpie juste sous ses prunelles au moment où il aurait dû pouvoir jouer son rôle à la perfection. Pourtant, il n'a cherché qu'à la protéger. L'a-t-elle seulement compris un jour ? Cela n'a sûrement plus aucune importance.

Dans cette guerre ouverte, il ne croit pas pouvoir perdre. Et pourtant, il est déjà battu avant même d'avoir franchi la ligne de départ, sans même avoir pu se lancer dans la moindre bataille. Le déserteur a toujours tort. Et ceux qui restent, ont toutes les raisons. Alors oui, il la cherche aussi pour ça. Pour enfin récolter ce qu'il a engendré. Il ne se fait pas prier pour s'affranchir de sa dette. Dans sa tentative de rejet, dans son esquive de collaboration, il insuffle une violence qui ne tarde pas à se propager dans les paroles et puis, dans les actes de la brune. L'interdiction de suivre ce plan se divulgue très placidement, choix intéressant de phrasé qui va jusqu'à faire tressauter la joue du fumeur. Son répondant ne s'est pas écaillé, il est plutôt ravi de le constater. Ses remarques à la suite démontrent de son irritation et les reproches sous-jacents achèvent tout potentiel malentendu entre eux. La rancune n'a de cesse de divertir leur client qui ne doit pas comprendre à quel niveau cet échange se situe. Le loup soupire en écrasant son mégot au milieu des cents autres. Elle devrait faire plus de ménage pour être crédible mais il ne réplique pas et se contente d'obéir en attendant de pouvoir répliquer. Les insinuations perdurent et suggèrent sa propre inutilité. De bonne guerre. Il prolonge son mutisme jusqu'à se retrouver seul avec elle quand leur entremetteur s'éloigne, téléphone à la main.

Et là, les vérités s'accélèrent.

Dégage. Un coup pour le ventre. Elle le répète, il est déjà à terre, ne peut-elle pas s'en apercevoir ? Il se retient au bureau comme il peut pour ne pas réellement goûter au parquet. C'est donc réellement terminé. Ou peut-être pas. Elle se donne la peine de lui balancer tout ce qu'elle peut. Il évite la bouteille de justesse mais se prend le cendrier dans l'épaule. Les cendres encore tièdes volent et se répandent. Frangin, ça l'apostrophe et ça le démonte à coup de douleur irréversible. Ce qu'elle suggère altère bien plus encore les rouages de son palpitant déjà démantelé. Incrédule d'abord mais terriblement sec, il articule avec difficulté. « Que je te cogne ? » Jamais. Jamais, il n'a levé le moindre doigt sur elle et jamais, il ne le ferait. Qu'elle amène cet amoncellement de syllabes entre eux ne peut que confirmer le jugement qu'il a déduit en forçant les barrages de sa pupille. Dans l'ironie temporelle, ses traits ont revêtu ceux de son père, il est vrai. Sans doute qu'il ne voit que ça, n'ayant aucunement connu sa génitrice et ne connaissant d'elle que son absence. Même pas un prénom, même pas un cliché. Confondre père et fils ne doit pas être très compliqué sans cette composante, surtout quand on a vu le premier tuer le second. Donc la voilà, la sentence. Owain est devenu le Rowe que Triss méprise. Rejeté dans ce rôle, il ne se sent pas de l'assumer. Il vacille littéralement sur place, contient à peine les convulsions qui déchirent son organisme brusqué par cette dispute qu'il a souhaité un peu plus tôt et qu'il craint pourtant désormais plus viscéralement. « Alors c'est ça que tu veux ? Que je t'en foute une ? Que je justifie toute la haine que t'as nourri ces dernières années ? J'ignorais que ça te manquait à ce point qu'on te maltraite. Pour que tu le réclames ça aussi violemment. Mais je suppose que pour faire ce putain de métier, fallait déjà être bien maso à la base. » La hargne se résorbe autour de l'iris martyrisée par l'émotion. La tristesse devient reine, il se force à détourner les yeux pour ne pas qu'elle puisse saisir cette nuance ravageuse.

Le ténor moins assuré, il se brise sur chaque point pour parvenir à se ranimer à la prochaine majuscule. « Je te ferais pas l'honneur de te conforter dans l'image que tu t'es décidée à avoir de moi. C'est pas moi qui viens de faire preuve de violence cela étant dit. Je t'ai jamais touchée, jamais putain ! Pas une seule fois, j'ai levé la main sur toi et si tu veux qu'on leur ressemble, faudra pas compter sur moi. » Je ne suis pas mon père manque-t-il d'ajouter. Mais c'est sûrement faux. « C'est toi qui bondis sur la première opportunité. » Il s'avance calmement jusqu'à se placer face à elle, les bras ouverts. « Fais-toi plaisir. Je ne répliquerai pas un seul instant. » Comme pour ajouter une dimension dramatique mais tout aussi sincère à ses dires, il retire son flingue de l'holster et le dépose sur la première surface à proximité. « Pas de représailles. Alors,vas-y. T'en as rêvé, je suis sûr de ça. Et ça sera bien fait pour ma gueule, pas vrai ?» Il ne plaisante pas. Elle doit le lire sur son visage. Il se livre sans la moindre hésitation. Qu'elle l'abatte, qu'elle le lapide. Rien ne pourra égaler la souffrance de l'entendre suggérer qu'il la cogne. Ou celle de devoir dégager pour ne plus jamais revenir. Il savait déjà tout ça. Mais dans cette dimension concrète, il ne peut pas vivre avec.
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MessageSujet: Re: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptyMar 11 Aoû - 21:24

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J'avais dessiné une robe. Avec des plis, des lacets, des ombres.. Ça m'a pris trois jours. Peut-être plus. C'était mon dessin le plus aboutit, et puis, il a finit à la poubelle. Δ OWAIN&TRISS


Ses bras étaient tendus. Prêts à envoyer valser la table s’il le fallait, ils l’agrippaient férocement. Tremblaient, aussi. Arc rigide, prêt à décocher et craquer dans le même temps. Devant ses yeux sombres volaient encore des débris de cendre. C’était comme ça qu’elle s’était imaginé leur rencontre ? C’était en tout cas cette même rage qui l’habitait depuis 13 ans. Tête baissée, nuque raide, ses pupilles se fixèrent sur Owain lorsque le nuage gris se dissipa. Sur ces lèvres serrées qui réussirent à articuler des mots. Une phrase, une question. C’était comme ça qu’elle s’était imaginé son frère prodigue ? En train d’éviter une bouteille de bière sans pouvoir esquiver le cendrier qui fut balancé juste après ?
Qu’il la cogne ouais. Que enfin, il révèle sa vraie nature. Sa conscience, ces années passées ensembles qui n’ont compté pour rien. Qu’il montre sa parjure. Elle qui avait cru qu’il n’était pas comme lui, pas comme cet enculé. Elle qui en avait tellement bavé. Dernière fois qu’elle confiait ses sentiments à autrui. Sa confiance. Son être. Unique miroir de ce qu’elle était, pendant plus d’une décennie elle a du se trimbaler avec les morceaux brisés. Parfois, des reflets lui arrivaient en pleine figure. A moitié éveillée, sous le pont où elle avait passé la nuit, avec la voix de son frère qui lui disait que mieux valait être à la rue qu’à la maison. Devant un cadavre, arme à la main, où sa peau frémissante avait l’impression de se fondre et morfondre avec celle de son frère, ce jour-là. Mais les éclats avaient des bords tranchants. Des bords qui l’avaient souvent faite saigner. Simple fragments qui se glissaient sous l’épiderme. Ils s’appelaient abandon, solitude, tromperie – ou Owain. Owain comme résumé. Comme un tout qui l’englobait, et comme le rien qui l’entourait. Une couverture dans laquelle elle se drapait, un corps contre lequel elle se logeait.
« Alors c'est ça que tu veux ? Que je t'en foute une ? Que je justifie toute la haine que t'as nourri ces dernières années ? J'ignorais que ça te manquait à ce point qu'on te maltraite. »
Un escalier qui n’en finissait plus, et où son unique sauveur avait décidé de l’aider dans sa chute.

« Arrête-toi maintenant. »
Il ne la connaissait pas. Ne la connaissait plus. Les remontrances, son avis, tout ce qu’il disait respirait le paternalisme. Ou peut-être n’était-ce que fraternel. De frère à sœur. Triss, en tout cas, s’en foutait. L’homme qui se tenait en face d’elle avait perdu tout droit de morale le jour où il l’avait perdue elle. Mais Owain ne tint pas compte de son avertissement. De sa voix qui était devenu un murmure. Une complainte presque. Une prière. Ce Dieu qui leur permettait de chasser les démons et autres merdes n’était même pas capable de leur enlever les fardeaux des mortels. La famille. L’amour. La loyauté. Tandis qu’il parlait, elle espérait voir surgir un éclair venu pour le foudroyer. Pour le faire taire, pour l’empêcher de détourner le sujet. Il ne comprenait rien, et ne comprendra jamais rien. Si un simple verset était plus puissant que les démons, alors les mots étaient bien supérieurs aux gestes. Ses coups n’avaient pas besoin d’être physiques pour l’avoir étripé. Egorgée. Jeté en pâture à un monde qui n’avait jamais voulu d’eux. Son père aussi était pareil. Il sifflait lorsqu’elle portait sa jupe au-dessus des genoux. Disait que son copain allait être content, ah ça ouais, vu les miches qu’elle avait hérité de sa mère.
Ce n’était jamais qu’un serpent qui se mordait sa propre queue.
« C'est toi qui bondis sur la première opportunité. »
Ils s’autodétruisaient. Owain avança, et elle aussi. Ouvrit ses bras – tandis qu’elle plongea ses mains dans ses poches. Déposa son arme – alors qu’elle serrait les poings.
« T'en as rêvé, je suis sûr de ça. Et ça sera bien fait pour ma gueule, pas vrai ? »
L’avait-elle vraiment rêvé ? C'était comme ça qu'elle se l'était imaginé ? Triss savait qu’il ne répliquerait pas. Il était à sa portée, là, du bout de ses doigts. De ses poings serrés contenant en eux treize années passées à le maudire. A le détester, et puis, à se rappeler du passé. Poison qui s’insinue dans ses veines, tâche dans les rainures du sol.

« Non. »
Du bout de ses phalanges, elle frottait sa brûlure à la paume. Regardait le sol, les dessins, lui, la bouteille brisée.
« Tu penses vraiment.. »
Cassée. Brisée. Triss déglutit, tenta de faire de sa voix quelque chose d’audible.
« Tu penses vraiment que je vais m’exécuter parce que tu me le demandes ? »
Tel le tueur demandant sa dernière confession avant sa mise à mort. L’absolution de ses péchés en l’échange d’un simple amen. D’un coup de sa sœur, d’un crachat envoyé en pleine gueule.
« On va mener cette enquête, et je vais te coller alors que tu le ne veux pas. Je vais te rappeler ce que tu ne souhaites pas. Tout ce dont tu ne veux pas de moi, je vais te l’offrir sur un putain de plateau d’argent.. Tout comme toi.. »
Sa main tendue. Sa fuite, sa disparition. Ce à quoi elle ne s’attendait à rien. Le meurtre, le sang, le sang et l’odeur de poudre, et l’odeur de mort.

Elle se détourna. Elle et ses larmes au bord des yeux, qui déjà roulaient lorsqu’elle lui montra son dos. Son yeux se posèrent sur le holster.Son holster. Détective privé. Ses mains se glissèrent dans ses cheveux. S’emmêlèrent au rythme des souvenirs qui revenaient devant ses yeux fermés. Détective privée. Plus d’une décennie de résignation furent condensées en quelques secondes. Détective privé. Et lui osait lui dire qu’elle était maso ? Qu’il était supérieur à elle ? Qu’elle ne valait rien, lui le gamin qui n’avait jamais traversé son enfance qu’à travers sa foutue cave ? Ses doigts se crispèrent. Entourèrent ses mèches de cheveux emmêlées par plusieurs jours non lavés.
« Merde, après tout ce temps, tout.. Tout ça.. »
Elle se retourna, visage baissé, ses mains passant de ses cheveux tirés à son visage dont elle enleva les larmes.
« Pour que tu deviennes un putain de détective ? »
Ses yeux parcoururent le bureau. Sombre, mal éclairé. Pas une seule fenêtre pour discerner le jour de la nuit. La seule vitre était barricadée, recouverte de glyphes. Les murs n’étaient que croquis démoniaques, monstrueux, images toutes droites sorties d’un bestiaire aussi sombre que moyenâgeux. Un taudis. Ce n’était peut-être pas sale, mais c’était le bordel. Et ça la prenait à la gorge, d’une poigne invisible qu’elle préférait ignorer. Face à Owain, cependant, tout cela se matérialisait devant ses yeux. Triss pouvait le nier. Triss pouvait le cogner. Mais au fond d’elle, cette gamine tombée d’un étage croira toujours celui qui l’a écoutée pleurer.
Un coup partit tout de même sans qu’elle ne le veuille. Dans la mâchoire de celui qui ne lui avait jamais parlé. Jamais frappée. Voilà à quoi ils en étaient réduits. La douleur dans son poing la percuta comme les regrets immédiats qu’elle ressentit. Mais Triss ignora celle qui n’avait pas appris la vie telle qu’elle l’était réellement, et un second coup partit. Dans le vide, car ses larmes l’aveuglaient. Ou peut-être pas. Peu importait.

La porte s’ouvrit, Jenkins parla. Dos à lui, elle lui dit qu’ils étaient sur l’affaire. Qu’il pouvait partir, merci. Il répondit. Donna des détails qu’ils n’avaient pas envie de connaître, avant que son téléphone ne résonne et qu’il partit de nouveau dans le salon de tatouage pour répondre.
Elle voulut lui dire qu’elle était désolée. Lui demander si ça allait. Mais sa fierté l’en empêchait, lui coupait un souffle qu’elle avait du mal à contenir.
« Dis-moi au moins que t’as une conne de femme et des gosses. »
Dis-moi que tu ne m’as pas sacrifié pour rien.
« Dis-moi.. Que tu as une famille. Ce qu’on voulait, une vie, une vraie. »
Dis-moi que j’ai souffert pour tes péchés.
« Dis-moi ce que j’ai raté. Fais-moi rêver plus loin que mes dessins. »
Vampires, démons, wendigo. Loup en perdition qui ne s’était, au final, jamais détaché du destin de sa sœur.

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MessageSujet: Re: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptyMer 19 Aoû - 1:38

Dans l'ardeur du silence, il ne reste que les questions, il ne perdure que les hypothèses du pourquoi, les paris du comment et le jeu du quand. Piégé au centre de ces incertitudes, le damné attend son énième châtiment. Le pire de toute sa liste. Celui qu'il veut pourtant entier, réel, concrètement sincère au point de lui arracher la chair et de vendre ses restes à d'autres crocs plus acérés encore. N'est-ce pas ce qu'il a souhaité depuis la première détonation ? Se faire punir par le seul témoin, par l'unique juge. Triss détient tout le pouvoir. Elle possède ses fragments d'honnêteté, le peu de valeurs qu'il s'est construit, sa seule issue à la dégénérescence génétique. Ou son premier ticket pour l’aliénation. Toute pièce se joue sur deux faces. Les liens se tordent sur ses poignets, la brûlure cisaille l’afflux sanguin. Les veines se taisent, le cœur s’arrête. Doit-il devenir ce monstre d'insensibilité pour atteindre la fin du tunnel ? La rétine aussi sale que la cendre froide qui s’agglutine toujours au parquet, il devance les douleurs. C’est comme ça qu’on accepte ses actes. C’est comme ça qu’on revendique le passé et chaque circonstance. Les regrets par millier pour l’abriter quand l’encre stellaire lui relève sa solitude et pourtant, cette balle, il ne la retirerait pour rien au Monde du front. Non, il est mieux mort. Même s’il n’aime pas ce que ça a fait de lui, ce titre à porter, en plus, du nom. C’est presque trop pour un seul homme, c’est presque pas assez pour une seule bête. A-t-il seulement eu le choix ? Quand l’hémoglobine a fendu le faciès de sa seule amie, quand le geste aurait pu se prolonger jusqu’à un autre genre d'homicide ? Peut-être que ça le rassure de se l’inventer. Peut-être que ce n’est que la vérité. Jusqu’où aurait-il été pour préserver son déni ? Dans le néant, il ne terrorise plus que la mémoire des vivants. Les corps sont saufs. Ou presque.

La voir à ce poste désamorce cette tentative outrancière de protection. Excessivement vexé, au fond, qu’elle gâche toutes ses chances en se ralliant à une horde de fanatiques pour brandir des crucifix, pour mieux servir des Dieux égoïstes et impurs. Il crache sur chaque composante divine et sur ce qu’elle fait pour gagner sa croûte. L’incohérence des fous, la décadence psychique, la crise mystique. Un parcours isolé dont il n’a eu aucune connaissance. Néanmoins, il a tout à avouer mais plus rien pour se justifier. « Je pense que tu me supportes pas. Je pense aussi que tu aurais préféré ne plus jamais me revoir et que je mérite sûrement que tu m’en colles plus d’une. Mais jamais, je pense que tu vas m’obéir. T’as peut-être rejoint les rangs des illuminés mais t’as pas pu changer au point de t’oublier. » Le regard l’interroge à moitié et fouille la pupille adverse en quête d'essence complémentaire. Cette gamine aux fringues déformées et aux joues affaissées, elle n’a pas pu partir bien loin. Sa confession lui fait d'ailleurs tirer cette conclusion. Une grimace et une complexité de contestations. Combien de bûchers pour écorcher le porteur d’erreurs ? Les lèvres frémissent, s’entrouvrent pour aduler l’air avant de se replier sur un mutisme adapté. Elle a fait son choix. Et il vivra avec. Le dos pour seul visage, il devine l’émotion dans la pudeur invoquée. Il renifle la peur et le chaos. Son pied amorce un mouvement, les doigts grignotent l’espace mais dégringolent avant qu’elle ne puisse admirer ce sursaut de fraternité. La réconforter ? Il y a bien trop de vermillon sur l’épiderme pour la frôler.

La voix de l'exorciste délivre chaque nuance de cette dualité qui s’éternise. Succession de sons malmenés par la fébrilité. Déjà, elle revient en arrière, dévoilant les dégâts sans même les assumer. Attitude incertaine qui la repositionne dans l’embrasure de cette porte, le sac sous le bras, les cartons aux pieds. La vision le fusille. Il ne respire déjà plus quand les phalanges le jugent enfin. Le cou craque, les épaules valsent. Par réflexe, la paume se pose à l’endroit de l’impact alors que la second salve de reproches organiques s’avorte dans la brume visuelle qu’elle entretient de ses larmes. Les doigts contractent son poing, l’émotion distend son impassibilité naturelle. Ses paupières lui reprennent l’horizon. Mais ça ne suffit pas. Le client revient, passe, une comète qui se consume en plein apocalypse. Il fait du bruit. Trop de bruit. Owain ramasse sa cage thoracique en s’éloignant, à une distance significative, de son ancienne protégée sans noter la disparition tout aussi soudaine de leur patron du moment. Il s’assied bien vite pour ne pas s’enfuir. Pour ne pas tomber. Il décide qu’il n’a plus rien à perdre alors il ramasse le cendrier, chasse de sa semelle le tabac glacé avant d’inviter une nouvelle cigarette entre ses lèvres. L’os vibre encore, la sentence n’a jamais semblé plus concrète. Pire que la fracture du squelette, la souffrance qui agit sur l’enveloppe déchirée par la lycanthropie. A croire qu’il existe de nouveaux fossés dans lesquels il faut absolument le balancer. La propriétaire des lieux ne se contente pas de poster son talon au-dessus du ravin, elle prépare également les pierres. La culpabilité étire un peu plus encore les muscles. Il en crève de mal et il se décide à mâcher le chagrin pour l’expulser comme venin. « Bien sûr, je me suis cassé sur mon cheval blanc, j’ai rencontré une princesse et je vis dans son château. Tu veux un beau mensonge ? Une belle histoire pour parvenir à t’endormir ? T’avais pas besoin de ça avant. »  Juste de sa présence à lui, de sa vieille couverture élimée et du silence qui signifiait alors tout. « Tu croyais qu’on vivait dans un putain de conte de fées ? T'es la première à piger que les raclures dans notre genre, Lui et moi, ne terminaient jamais la bague au doigt. J’ai la vie que j’ai méritée. »  Des gosses, une femme. A quoi bon ? Il ne croit plus en l’homme, il ne croit plus en rien du tout. De l’attraction, des réactions chimiques et du vide à combler par de nouveaux cris. Comment réfuter cette théorie après deux années à aimer et détester la nocivité d’une femme écorchée ?

Acculé dans le jugement antérieur, terrorisé par l’hématome sur la mâchoire mais surtout, sur l’aorte, il abjure tout silence pour se créer des illusions de réalité. Il ne connaît que la rancœur. Il n’a retenu que ça de son éducation. « Tu préférerais que je sois resté flic ? Ironique. Surtout quand on est soi-même devenue foutue exorciste. Garde tes critiques pour toi. Tu risques tes fesses tous les jours pour des connards qui en valent pas la peine. Depuis quand tu te sens concernée par l’occulte d’ailleurs ? » Il ne la regarde pas cependant. Les yeux se figent sur le sol, y cherchent inlassablement le peu d’instinct qui le pousse à survivre. « On va bosser ensemble, si ça te fait plaisir. Tu pourras me haïr si ça te soulage, m’en foutre d’autres dans la gueule et agiter tes putains de croix à la gueule des témoins. Mais la prochaine fois, quand tu m’attaques, aie la décence de pas craquer pas avant que je sois à terre. » Pour qu’il ne le voit pas. Pour que ça ne le brise pas. Pour que ça lui donne au moins une chance de ne plus rien ressentir. Pour que ça ne soit qu’un fragment déjà évanoui dans une mémoire éprouvée. La nicotine ne remplace pas les cachets, les retrouvailles ne remplacent pas l’absence. Incomplets sans doute pour l’éternité.
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Triss Walker

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MessageSujet: Re: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptyMer 19 Aoû - 19:22

A SNAKE EATING HIS OWN TAIL

J'avais dessiné une robe. Avec des plis, des lacets, des ombres.. Ça m'a pris trois jours. Peut-être plus. C'était mon dessin le plus aboutit, et puis, il a finit à la poubelle. Δ OWAIN&TRISS


Et il lui rendit les coups. Ses dents grincèrent, se serrèrent rien qu’à l’entendre. Il se défendait, tentait d’arrondir les angles. Lui renvoyait sa propre stupidité, pour masquer la sienne.
« Tu veux un beau mensonge ? Une belle histoire pour parvenir à t’endormir ? T’avais pas besoin de ça avant. »
Avant elle l’avait lui, mais il le savait. Il tournait autour du pot. Faisait comme s’il était stupide – ou elle, c’était selon. C’était un dialogue de sourd, chacun tentant de sauver le peu de fierté qu’il leur restait. Ses yeux étaient fermés, comme pour l’ignorer, comme pour tenter de tirer derrière ses mots un semblant de ce qu’elle voulait entendre. Une excuse, ou juste savoir qu’il allait bien. Savoir que, pendant qu’elle mendiait, lui gagnait sa vie. Savoir que, alors qu’elle observait sa fille se faire bercer par un putain de vamp, lui avait ses gamins en sécurité. Savoir qu’au moins l’un des deux ne s’était pas scarifié pour rien. C’était logique, c’était humain.
« Tu croyais qu’on vivait dans un putain de conte de fées ? T'es la première à piger que les raclures dans notre genre, Lui et moi, ne terminaient jamais la bague au doigt. J’ai la vie que j’ai méritée. »
Triss se dit qu’elle, elle ne l’avait pas eue à cause de lui. Triss se dit que, au fond, elle aurait mieux fait de continuer à l’ignorer. Ne pas commencer à parler si c’était pour qu’il lui rétorque ça. Ça, cette merde intégrale dont il essayait de se persuader à mesure qu’il la déblatérait. Elle n’avait rien à répondre à ça, et, de toute manière, sa gorge était bien trop nouée pour qu’elle puisse dire quoi que ce soit. Ses lèvres tentèrent d’articuler qu’il n’était pas comme lui. Qu’il aurait pu avoir le monde, et s’était au final contenté de.. De rien. Tout comme elle. Du grand rien qu’étaient leurs vies.


Puis, il parla de nouveau. Visiblement, il était flic. C’était bien, flic. Flic flic flic. Commandant Rowe. Un peu débile sur les bords comme job. Peu taillé pour des personnes de leur trempe. Mais au moins, ça garantissait une vie stable. Le regard de Triss parcouru ses dessins pour ne pas avoir à le regarder. Pour se trouver une excuse afin de ne pas répondre. Si Owain la considérait comme une merde, elle n’allait pas gaspiller sa salive pour lui répondre. Ni se défendre. Lorsqu’une personne considère l’autre comme une conne, elle en oublie que c’est souvent réciproque. Un silence suivit donc sa question.
La fumée qu’il expira lui fit souffler du nez. Lentement, elle s’assit sur son bureau. Face à lui. Triss planta son regard sur le sien qui était fuyant. Que de la gueule, frangin. T’es que de la gueule, sauf quand y’a un fusil de chasse à portée.


Owain parla de nouveau, des mots qui flottèrent un instant dans son esprit avant de disparaître. Ouais, ça lui fera plaisir. Elle l’ignorera, le considèrera comme lui la considère déjà. Bien trop conne pour avoir espéré retrouver là son grand frère, elle n’avait au final retrouvé qu’un grand enculé. Au moins, elle n’aura pas à hésiter. Pas à réfléchir. Au moins, elle pourra oublier les souvenirs qui l’ont tant blessé juste pour garder la colère qui n’avait cessé de gronder et de la ronger de l’intérieur. Pas de complications. Pas de frère.
Ses pieds se balancèrent à quelques centimètres du sol. Gamine qui s’apprêtait à dire une mauvaise blague.
« J’agiterai ma croix quand toi tu tireras dans le vide. »
Imaginait-il vraiment sa sœur faire sa prière du soir avant de se coucher ?
« Moi exorciste, toi.. Toi ce que tu veux. Rowe Junior si ça te chante. »
Ça veut dire quoi, ouroboros ? Ça veut dire qu’on est suffisamment con pour répéter les mêmes erreurs du passé. La violence des mots du père s’étaient transmises chez le fils. C’était se dire qu’on est comme ça et pas autrement, c’était se refuser les choix qui s’offraient dans la vie, se dire que de toute manière, elle était déjà toute tracée. C’était s’appeler Owain Rowe et se bouffer à pleines dents la queue alors même qu’il aurait pu se limer les crocs, être autre chose, être mieux.


Triss l’observa en silence. Ses pieds se balançaient toujours. Sa main frottait la paume de l’autre, brûlée.
« Tu sais ce qui me fait vraiment plaisir ? »
Répond pas frangin, question rhétorique.
« C’est qu’on a plus rien en commun. »
Sa gorge se noua à la fin de sa phrase, trahissant son esprit fiévreux. Elle déglutit, ravala son trouble. Sa voix était un murmure, au moins moins ne tremblait-elle pas.
« Mais on n’a jamais rien eu en commun après tout.. N’est-ce pas ? »
Autre question rhétorique. Ferme la, et mange ça Rowe. Il y avait une raison pour laquelle ils ne portaient pas le même nom. Probablement une raison aussi pour laquelle leurs chemins se sont séparés. Un peu plus, et Triss croirait que c’était le Barbu qui l’avait voulu ainsi – mais elle n’était pas dans un état suffisamment merdique pour le penser sans ironie.  
Ses pupilles l’observèrent. Le scrutèrent. S’arrêtèrent un moment sur la rougeur qui déjà était visible sur la mâchoire qu’elle venait de cogner.
« Daniel, chapitre neuf, verset neuf.. »
Ses mains tâtonnèrent sur le bureau avant de trouver l’un des nombreux chapelets qu’elle détenait.
« Tel le Seigneur, j’ai pitié de toi et je te pardonne Rowe. »
Ses doigts glissaient sur les petites boules d’argent, aussi douces que sa voix, aussi fausses que ses pensées. Plus fait pour tuer que pour prier. Tout comme elle.
« Alors que toi, tu es révolté contre moi. »
Triss se mordit les joues et détourna le regard. Ecarta ses doigts et laissa le chapelet tomber à terre.


« Si tu n’as plus rien à faire ici, tu connais la sortie. »
© GASMASK



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Owain Rowe

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MessageSujet: Re: A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain   A SNAKE EATING HIS OWN TAIL - Owain EmptySam 29 Aoû - 0:10

A huit ans, sa tête se peuplait déjà de ces récits inachevés, de ces vies à inventer. Différentes, supérieures, tordues parfois. Tout semblait alors valoir mieux que ce qu'il vivait. Le père Rowe effondré sur son canapé, la gueule de travers, le whisky à la main, l’insulte à la bouche. Souvent, Owain le préférait accompagné. Quand son lit était hanté par une blonde trop jeune et trop naïve, au moins, il oubliait pour de bon, le gamin dont il n'a pas voulu. Adulé par ses chimères, l'enfant se laissait solliciter par son imagination quand le cas se présentait. Un jour, peut-être que son prétendu géniteur lui avouerait l’adoption. Un beau matin, ses vrais parents le cueilleraient sur le seuil de la porte. De nouvelles origines, de nouvelles perspectives. Mais non. Le temps a effiloché le peu d’innocence et d’espoir qu’il nourrissait. L’amertume a construit ses remparts. De la pierre à la place du cœur, de la glace dans les yeux et un poids mort pour les chevilles. Prisonnier, il l’a été longtemps. Captif, il l’est encore aujourd'hui. Les morts ont toujours ce genre de pouvoirs sur les vivants. Surtout quand il s'agit de ceux qui ne se sont guère abstenus d’engendrer un nouveau genre, de bâtir une nouvelle génération. Est-ce que ça a seulement été l’intention du paternel ? Non, bien sûr que non. Fruit pourri d’une aventure fortuite. Sûrement d’un déni de grossesse. Sinon sa mère aurait avorté. Elle ne peut avoir été qu’obligée indirectement de le porter à terme pour mieux l’offrir en pâture à l’homme qui l’a souillée avant de décamper. Pourtant, lui a eu le choix. Le déposer au pied d’un orphelinat, en appeler aux services sociaux. Même l’abandonner au creux nauséabond d’une antre putride construite en déchets ménagers aurait semblé naturel pour le rat qu'il a toujours été. Mais il l’a gardé. Pourquoi ? Peut-être pour les mêmes raisons qui l’ont poussé plus d’une décennie plus tard à ne pas jeter Triss à la rue. Pour récupérer ce qu'il avait déjà perdu.

Des enfants perdus. Des mômes égarés au Pays Imaginaire. Sans Pan, comment guider le troupeau ? Des rescapés de tragédies familiales qui suffoquent dans des pièces obscures, à l’ombre de reproches acérés et de souvenirs écorchés. Cette haine sabre les conflits, tout semble dérisoire finalement. Rien n’est important depuis qu’elle a déboité sa mâchoire pour lui scander sa vérité. Toute cette rancœur qui a définitivement balayé le seul trésor à dénicher dans la pauvreté contextuelle. C’est une porte qui se referme dans la cage thoracique, un courant d’air qui ne l’emporte plus au-delà de son horizon infectieux. Les traits se parent d’insolence. La provocation pour contrer la douleur. Le seul fonctionnement qu’il réussisse encore à appliquer. « Quand je tire, je fais mouche. Je pensais que tu te souviendrais au moins de ça. » Les épaules abolissent la cruauté en basculant vers l’avant, les coudes rejoignent les genoux et la clope, la bouche. L’autre main frôle le front, plus aucune orientation pour aucun comportement décent ou acceptable. La fumée s’invite entre ses paupières, irrite la rétine déjà trop sèche. Il ferme les yeux, une poignée de secondes se distend. « Je crois que t’as déjà choisi pour moi, le foutu titre à me placarder à la gueule. » Laconique, lassé, éreinté, son timbre s’écroule et consume les dernières syllabes dans une descente sonore qui caractérise l’éboulement intérieur.

De quelle hauteur va-t-elle se décider à le faire tomber maintenant ? Quand elle se réapproprie l’air, il se redresse abruptement sous le choc et fige sa pupille sur sa carcasse. « Parce que tu cites la bible maintenant ? J’aurai vraiment tout vu. » Il ravale son ricanement et se contente de soupirer plus lourdement. Qui peut encore croire que quelqu’un veille sur eux ? Qui peut encore penser que ce dernier - quand bien même il existerait - vaut encore quelque chose ? La religion n’a jamais eu sa place chez les Rowe. Sauf quand ça servait à la cause du vieux pour ramener une autre poule dans son pieu. « Je n’ai jamais réclamé ton pardon de toute façon. Ni ta foutue ironie et encore moins tes mensonges. » A quoi bon obtenir ce qu’il ne souhaite pas ? Il ne veut pas croire à sa rédemption parce qu’elle n’a pas lieu d’être. Monstre qui se reconnait. Prétendre le contraire serait hypocrite. Alors qu’elle conserve son mépris. Au fond, ça l’arrange.  « Tu sais ce qu’on avait en commun, c’était l’honnêteté. La prochaine fois, fais-moi de vrais reproches, histoire qu’on conserve au moins ça. » L’amertume dissimule mal habilement le chagrin. Tout les sépare. Absolument tout. Dès le départ, il n’y avait que les circonstances pour les rapprocher. Maintenant, elles les éloignent irrévocablement. Est-ce surprenant ?

Son mégot trouve le fond du cendrier avant qu’il ne finisse par reprendre de la hauteur. L’objet occupe la place qu’il déserte alors qu’il détache une carte de visite de sa veste pour la déposer sur le bureau de l’exorciste. Des indications fragiles mais tangibles, une série de chiffres. Son portable. Suivie d'une série de lettres. L’adresse professionnelle. C’est plus que ce qu’elle voudrait sûrement. Mais c’est la base s’ils doivent réellement collaborer. Son index retiré du papier, il articule pesamment la suite logique. « Je vais interroger le copain de la disparue demain. T’en fais ce que tu veux. » Il aurait préféré passer l’information sous silence mais il ne compte pas lui ajouter de nouveaux griefs à la liste. Il ne désire plus lui donner les armes pour l’abattre. Il n’est pas sûr de tenir la distance à ce petit jeu de tir. Il s’écarte prudemment du centre de la pièce pour gagner la porte. Dans l’embrasure, la main contre le bois, il se retourne ultimement et accroche l’environnement plus violemment encore. Son ténor s’élance alors. Supplique du vivant, la dernière. « Jamais je t’aurais souhaité cette foutue vie, Triss. Si l’un de nous devait s’en sortir, c’était bien toi. T’avais les meilleures chances. T’as toujours été la plus futée. » Il a vraiment échoué avec elle. Sur toute la ligne.
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