Je lui offrais un spectacle somptueux en guise de ma bonne foi. Le clair de lune n'avait jamais été aussi soutenu, son origine brillait de mille feux. Cessez donc de pleurer et contemplez cette merveille. L'astre ondulait sur les vagues venant se casser sur mes canons. Bercée par les clapotis qu'engendrait mon galop le long du rivage, celle qui me chevauchait semblait s'être endormie. Ou peut-être s'était-elle déjà noyée dans ses larmes ? M'aurait-elle donc privé de la seule chose qui me rendait un tant soit peu heureux ? Trêve de plaisanteries, il fallait qu'elle panique. Serait-ce donc trop demander qu'elle crie, qu'elle pleure, qu'elle me supplie de la faire descendre, qu'elle prie son Dieu de la sauver ? Quelle perte de temps ! Je m'étais arrêté pour reprendre forme humaine, la laissant s'écrouler sur le sable fraîchement humidifié par la vague venant de se retirer. Tout dépassait son entendement, elle resta là, couchée à me regarder, horrifiée, me métamorphoser en ce charmant jeune homme qui était venu lui acheter l'une de ses babioles manufacturées par ses soins, plus tôt dans la journée. Elle reprit ses esprits et tenta de fuir, manquant de glisser dès lors qu'elle se redressa. J’agrippai ses longs cheveux d'or de ma main droite. Mon rire transperça ses sanglots. « Vous n'allez tout de même pas me faire faux bond, ce ne serait pas digne d'une demoiselle telle que vous Miss Clarke ! » Je fis un tour de poignet pour obtenir une meilleure prise puis la tirai vers moi. Mes lèvres effleurèrent son oreille. « Nous ne voudrions tout de même pas me contrarier, voudrions-nous ? » Je conclus ma phrase en lui mordillant le cartilage. Enfin elle hurlait qu'on vienne lui porter secours ! Des frissons me parcoururent l'échine. Mes yeux furent attiré par un rayon de lune reflété sur la main de ma victime. Ne serait-ce-t-il pas là une bague de fiançailles sur votre annulaire gauche Miss Clarke ? De ma main libre, j'attrapai son bras, le tendant en arrière jusqu'à ce qu'il ne puisse plus. « N'y a-t-il pas plus pitoyable que l'amour ? Dites-moi donc, vous, humaine, comment pouvez-vous être aussi bêtes ? » Euphorique, je ne pouvais plus tenir en place, ses cris mêlés à ses pleurs m'excitaient d'avantage. Mon genoux se plaça sur sa colonne. « En vue de la qualité mineure de ce bijou... Je dirai qu'il s'agit de ce charlatant qui vend de l'huile de ricin en guise de remède contre la fièvre jaune. Oh non ! Attendez ! C'est votre voisin, le chasseur ! N'ai-je pas raison ? » Elle s'agita, voulant reprendre son bras, en vain. Elle hurla lorsque mon pied vint enfoncer son coude violemment de manière à ce qu'il puisse se plier en avant comme en arrière. « Je vous avais pourtant dit de ne pas me contrarier... » Une petite moue s'afficha sur mon visage hypocrite. J'étais sur le point de réserver le même sort à son bras droit lorsque mon corps fut envoyé à plusieurs mètres de l'endroit où s’apprêtait à mourir une innocente. Les vagues déferlaient sur mon corps nu, couché là, à la merci de la mer. Qu'était-ce cette chose dotée d'une si grande force ? A présent, c'était mon entendement que tout dépassait. Je relevai ma tête. Un homme se tenait entre moi et la masse de chaire gisant au sol. Luke.




Il était tout, je savais ce qu’exister signifiait à ses côtés. Les meurtres n'étaient plus l'unique moyen de me sentir vivant. Luke, ce vampire qui m'accompagnait désormais depuis quelques mois était devenu alors ma famille ou du moins ce qu'il s'en rapprochait le plus à mon sens. Je n'avais jamais eu de personnes sur qui m'appuyer jusqu'à ce jour où il tenta de se nourrir de ma proie, menant alors à une bataille sans merci permettant à la dite jeune femme de se faire la malle, un bras ballant. Nous étions un duo de choc, nous semions le trouble dans les petits villages, nous nourrissant parfois de maisonnées entières à l'obscurité d'une seule nouvelle lune. Tout était si simple à son bras, je ne m'étais jamais senti aussi comblé que lorsque nous nous acharnions sur nos victimes comme cette nuit où nous avions convaincu un père de famille de crever les yeux de sa femme pour sauver l'un de ses marmots puis de se poignarder pour sauver le deuxième qui, au final, finirent comme leur parents, noyés puis dévorés. Mes pulsions meurtrières s’exacerbaient avec lui, il me poussait à m'aller à elles et je l'aimais en partie pour ça. J'aurai troqué ma vie pour la sienne. Moi qui pensait qu'il n'y avait rien de plus stupide, de plus humain que d'aimer une autre personne que soi-même, je me surprenais à frissonner sous ses étreintes, ses caresses. Nous avions mis en place une sorte de stratégie : je partais en éclaireur la journée, pendant qu'il restait cloîtré sous peine d'être rongé par le Soleil, à la recherche de proies pour la soirée. Lorsque je rentrais, nous nous abandonnions à nos désirs primaires avant de partir chasser. Plusieurs mois déjà que nous nous étions laissés prendre à cette routine. Encore une fois je passais cette porte pour le retrouver. Un cri d'effroi. Des paroles psalmodiées. Les chasseurs nous avaient retrouvés. Ils s'apprêtaient à assassiner Luke. Une rage démentielle me submergea. Ils osaient entrer chez moi et me dérober mon bien le plus précieux. Poussé par une force invisible, mon corps se jeta sur le premier des trois ; un tour de tête, craquement, mort mais Luke n'était déjà plus. D'autres chasseurs défoncèrent la porte mais rien au monde ne m'aurait fait bouger. Mon univers venait de s'écrouler. Des flots de larmes coulèrent le long de mes joues en tombant sur les draps blancs que j'avais partagés avec lui. Je me jetai sur son corps, hurlant. Je caressai ses cheveux bruns, je n'y croyais pas. Ce ne pouvait être réel, il ne pouvait être mort. Il était mon âme sœur, nous devions passer le reste de nos jours ensembles. La seule raison pour laquelle je vivais venait de mourir, venait de me quitter. Je sentais encore son parfum, ma tête dans son cou. Mes bras l'entouraient, les siens tombaient sur le matelas. Je m'étais assis avec lui sur mes jambes. Lui ne répondrait plus à mes baisers. Lui ne répondrait plus à rien. Qu'allais-je faire désormais ? Sans lui ? J'approchai mes lèvres de son oreille, les larmes tombant sur son épaule, je voulais lui avouer une dernière fois mes sentiments lorsqu'on me tira, la réalité venait de m'empêcher de faire mes adieux au seul être que j'eus jamais la chance d'aimer. Il fallait décamper. J'allais devoir l'abandonner, je serai de nouveau seul. Ces lèvres que j'avais si souvent embrassé, jamais plus je ne pourrai les avoir. Mes hurlements s'entremêlaient aux hourras des chasseurs. L'angoisse, la dévastation firent place à une folie meurtrière. J'attrapai un des chasseurs et une nouvelle fois un cou se brisa. Un dernier coup d’œil sur son corps, il semblait déjà raidi par la mort. Ses yeux vides ne refléteraient plus jamais les miens. Il était temps de partir ou moi aussi j'y aurai laissé ma peau.




Un foie flottait, pourtant je ne me sentais pas mieux. J'avais osé espérer qu'après ces décennies j'arrêterai de m'en prendre aux couples. Ma robe noire luisait à ma sortie du lac. J'avançai vers les pleurs de l'homme qui venait d'assister à la noyade de son épouse. Que ressentait-il alors après cela ? N'avait-il pas envie de mourir à son tour ? Évidemment. Sa moitié venait d'être dévorée par un monstre, sa vie ne valait plus rien, il n'était plus qu'une coquille vide. A quoi bon continuer sans son âme-sœur ? Recroquevillé, il ne semblait plus vouloir se défaire des chaînes qui l'avaient gardé tranquille pendant que je me nourrissais. Il était à ma merci, j'aurai pu faire ce que bon me semblait de cette carcasse. La mort serait trop douce, il allait connaître ce que j'avais connu : ce sentiment d'avoir trahi l'autre, ne pas avoir pu le sauver. Il allait désormais ne penser qu'à moi. Je hanterai ses nuits comme les chasseurs hantent les miennes. Il entendra le léger bruit de l'eau remuant sous les coups de sa bien-aimée essayant de se débattre. Il verra le reflet de sa femme jusque dans un verre d'eau. Puis un beau jour, alors qu'il ne supportera plus d'avoir été épargné, de vivre alors qu'elle avait été tuée, il se donnera la mort d'une balle. Ce qui m'avait détourné de ce schéma classique avait été ce nouveau but menant à punir tous ceux qui s'étaient juré de s'aimer jusqu'à ce que la Mort, en l’occurrence moi, ne les sépare. Chaque semaine, un couple succombait. Je suspendais mon rituel le temps de changer de ville lorsque des chasseurs se lançaient à mes trousses. Je recommençais un mois plus tard.

Je suis désolée, je suis hyper en retard pour te valider mais je ne voulais pas le faire en lisant à demi ta fiche parce que c'est une merveille ! Les idées sont absolument bien exploitées, ça coule tout seul à la lecture et tu as un style super plaisant à lire, super fluide Je ne parle même pas de ton personnage, même avec la lecture de ta fiche je suis intriguée parce que je sais qu'il a encore plein de facettes cachées. J'ai été marquée par le dernier paragraphe de ton histoire aussi, cette idée de vengeance, comme le cupidon désespéré, lassé, lessivé de ces couples car lui a perdu son grand amour. C'est trop triste !

Félicitations, tu es validé(e). Avant de franchir les portes de l'Enfer, voici quelques conseils qui pourront t'aider à survivre. D'abord, il te faut VÉRIFIER TON AVATAR DANS LE BOTTIN pour avoir la certitude qu'aucun double, maléfique ou bénéfique, ne vienne te voler ton visage. Ensuite, tu peux aller CRÉER TA FICHE DE LIENS ET DE RPS afin de ne pas terminer en âme noire et solitaire. Pour ce faire, tu peux aussi CRÉER UN SCÉNARIO et peut-être retrouver un visage de ton histoire, une personne avec qui survivre et mourir dans ce chaos. Enfin, si tu veux te détendre et oublier les sombres mémoires du passé, tu peux aller FLOODER avec les autres villageois de Crimson Peak. Mais n'oublie pas, il faut toujours se méfier de son voisin, ici. Alors, bon courage et bon jeu.