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 Chasse à l'aigle (howard)

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Erebe Verger

‹ MESSAGES : 54
‹ DATE D'ARRIVÉE : 26/07/2015
‹ L'ENDROIT : A l'abri, dans les entrailles de la forêt

EVIL SPIRITS IN HEAVENLY PLACES

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MessageSujet: Chasse à l'aigle (howard)    Chasse à l'aigle (howard)  EmptyDim 16 Aoû - 12:25





De ce ciel bizarre et livide,
Tourmenté comme ton destin,
Quels pensers dans ton âme vide
Descendent ? Réponds, libertin.

Baudelaire



Moitié du mois, un beau matin où la forêt s’éveille. L’aube naissante, splendeur photogène, et ses bruits populeux enflant lentement sous la cime épaisse. Jusque là noyé d’ombre et d’humidité, le sol se gorge de lumière et se craquèle à l’essorage. Pinceaux de lumière traversant le feuillage, se posant sur la boue pour, égoïstement, en extirper l’eau jusque là contenue. Brindilles et feuilles mortes chatoient sous les gerbes de lumière. Troncs noueux et buissons massifs aussi, de cette éclosion de couleurs au jour qui se lève. Flanqué dans les ventrailles de la vallée, Erebe entame à peine sa besogne. Mêlant plaisir et travail, il pérégrine dans le dédale végétal d’un pas léger.  Bien équipé, des bottes imperméables et souples au canon chargé, l’homme se sent toujours étouffé sous cette liasse de vêtements. La nudité de loin préférée aux civilités, mais s’il souhaite rester discret et ne pas se coller à dos la police de la ville, la bête devait se conformer aux civilités. Se comporter comme l’humain qu’il incarne. Celui qu’il était à l’aube de son existence, avant la morsure. Mais force est d’admettre qu’aux siècles écossés, la bête a lentement pris racine sous la chair. Et même s’il refuse de se l’avouer, elle est toujours là... A toute heure, de jour comme de nuit, la soif qui tiraille, la faim grondant d’impatience dans son ventre. Violence immortelle logée dans son âme…

Craquement des branches sous les semelles, le garde forestier s’éloigne peu à peu de l’enceinte de son habitacle pour un lieu qu’il apprécie tout particulièrement aux premières heures. Les triceps s’étirent et se contractent aux pentes escarpées, se relâchent dans les descentes tortueuses. Un pas devant l’autre, l’auto-mécanisme d’une vie entière. A peine la septième heure passée que l’homme se tient à l’orée du lac, vaste étendue miroitant sous les éclaboussures cuivrées. Au loin, l’hélianthe qui tend à se hisser par-delà l’horizon d’épicéas. Dans ce combo de fraîcheur matinale, tourment et anxiété semblent avoir pris le large. Bête sereine sous l’humaine chair, et le regard ébloui porté vers le lointain. Aspergé de lumière, Erebe se sent renaître. S’estime homme plutôt que loup, fléau qu’il maudit chaque jour depuis quatre siècles.

Platitude vénérée lorsque la lune est loin dans le programme, et pourtant un bruit qui percute dans le lointain. Un craquement, puis un autre. Une odeur qui s’ajoute aux autres, les supplantent toutes. Parfum humain, la belle essence qui percute entre les arbres et se répand jusqu’à son museau. Un promeneur bien matinal qui s’aventure loin de la ville. Rien d’extraordinaire à ses yeux. Nombreux sont ceux à venir s’évader dans les boyaux d’écorce. Souvent ceux flanqués d’un chien, ou d’un cheval. Depuis trois semaines qu’il s’est installé, Erebe en croise nombreux à toute heure. Des jeunes, des vieux. Seuls, parfois accompagnés. Tous souriants au gardien qui se présente, esprits soulagés. Mais fait singulier, c’est un bouquet familier qui heurte l’odorat canin. Une odeur du passé. De vieux souvenirs remontent, pourtant insaisissables. Qui est-ce ? Les muscles se contractent sur les omoplates, et le ventre se comprime. Inquiétude qui progresse à celui méfiant des rencontres passées...


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Howard Meyrick

‹ MESSAGES : 109
‹ DATE D'ARRIVÉE : 02/08/2015
‹ L'ENDROIT : Entre ciel et terre, dans les ombres d'une guerre imminente, et silencieuse

EVIL SPIRITS IN HEAVENLY PLACES

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MessageSujet: Re: Chasse à l'aigle (howard)    Chasse à l'aigle (howard)  EmptyLun 17 Aoû - 22:45


Heures encore fraîche, à la matinée tout juste éclose. La forêt s’éveillait, lentement, fourmillant déjà de vies, nature en prose. La lueur dorée se rependait, se teintait en éclaboussant les alentours, image d’Epinal auréolée. L’air était riche, lourd du parfum des végétaux et de la terre gorgée d’eau, humus fertile et sauvage paysage, vierge de la présence de l’humanité. Une si pure sensation, d’emblée, une sensation de soulagement, de poids à ses épaules s’ôtant, et le silence savourant. Si paisible, sous cette lumière, dans l’atmosphère baignant, presque flottant. Il se sentait soudainement plus léger, apaisé. Et le silence, mélodie délicate et raffinée, l’accompagnait tandis qu’il cheminait. Aurait-il, au détour du méfait, découvert en toute aubaine le paradis véritable ? Pour lui, en tout cas, ça y ressemblait, à plus d’un égard. Peu importait alors que cette trouvaille soit le fruit du hasard. Vaine considération, quand de son âme il faisait l’oraison de ce lieu à la magie innocente, et à la pureté retrouvée. Terrain d’évasion pour les humains, sans doute, mais également, refuge pour de sombres et furtives créatures, telles les loups divins.

Là était son but, l’indubitable raison de sa venue. Là était sa motivation, et la source de la détermination avec laquelle il bravait ces sentiers escarpés. Et avec chaque pas, sa fermeté allait grandissante, portée par la tourmente dont il était victime. Même le bien-être simplet par la nature gagné ne pouvait effacer la souffrance que son corps lui imposait. Les sentes terreuses et herbeuses n’étaient guère indiquées pour les estropiés. Et pourtant il bravait cet inconfort, n’y trouvant qu’une impulsion de plus, un rappel d’un passé qui avait grandement motivé ses avancées. Ironie mordante, quand il y pensait. Comment aurait-il pu savoir ce serait ici qu’il le retrouverait ? Qu’en cette ville exécrée, il parviendrait à se venger, à boire pleinement la coupe du châtiment. Ironie oui, mais délicieuse moquerie. Dans ses oreilles sourdait parfois le chuchotis spectral de ses affidés d’outre-tombe, susurrant à son esprit de doucereuses vilenies. Ironie, ô ironie, qui ne cessait une fois encore de se moquer, l’affublant de telles pensées, de telles avidités, alors même qu’il évoluait dans un environnement si quiet qu’irréel il en paraissait.

Comment appréhender pareille Elysée lorsque c’était dans la fange de l’humanité qu’il évoluait. Oh, non en question d’aisance matérielle, mais d’essence et d’inclinaisons. Peu importait. En fin de compte, le décor n’était que dérisoire, un élément parmi tant d’autres, à peine un exutoire, pour quelque supérieur à la défroque de maître d’œuvre. Nouveaux chuchotis enfiévrés, sa proie se rapprochait. Féroce loup croisé par le passé, mortelle créature à laquelle il avait échappé. Fascination et frisson du danger l’avaient pénétré, à cette époque révolue de laquelle leur contentieux provenait, à jour il l’avait percé et suivit en les tréfonds nocturnes, au mépris de tout discernement. Et au creuset sanglant d’une campagne noctambule, sa hardiesse il avait payé, son corps ravagé qui, toujours, les stigmates portaient, rappels de son imprudente folie. C’était au canidé qu’il devait son supplice, et inique créature, il rejetait sa propre culpabilité. Le loup paierait pour ces années de tortures lacées. Il le fallait, son eurythmie en dépendait. Une fois le talion exercé… Pourtant, il ne savait encore ce qu’il lui infligerait. La créativité se manifesterait bien assez lorsqu’il le nécessiterait.

Il approche, là désormais tout près, combien de temps et d’efforts pour le retrouver, mais sans importance… Oui, il est là, il se rapproche, sa proie traquée comme lui le fut par le passé. Pourtant à l’exultation, l’angoisse se mêlait, sourde et incoercible. Il ne peut s’en empêcher, il ne peut que la refréner, la juguler, à grande peine mais par le calendrier et le soleil aidait. Le loup est muselé, désarmé, souris entre ses griffes glacées. Finalement, le voilà, il lui apparaît et c’est dans une cacophonie de bruissements affairés que dans le cercle naturel il pose un pied. Mal lui en prenait, alors, sur son objectif concentré, il en avait oublié, un bref instant éhonté, que sa jambe droite ne le soutenait jamais comme elle le devrait. Sous son poids elle flanchait, et sa canne soudain inutile lui échappait. S’affaissant contre une souche mousseuse, il laissa échapper un sifflement léger, de douleur lacée. Éclair sanglant, devant ses yeux explosant, la douleur le contracte un long instant. Son regard braqué vers l’avant, pourtant aveugle sur le moment, avant que, lentement, se résorbe le tourment.

Sa faute… c’était sa faute, à cet animal, créature infâme ! Aigre bile sa bouche emplissant, il ne rêvait que de l’écraser sans plus de raffinement. Sa faiblesse lui était alors une bénédiction, il aurait été dommageable de précipiter son action. A la place, il inspira profondément, puis se redressa. « Viens… aide moi ?  » Son odeur l’avait-elle trahie ? Il n’en était pas certain, car après tout, si son odorat était remarquable, leur rencontre avait tenue d’une fièvre démente de gibbeuses saturnales, à la faveur de son essence bestiale. Lui-même ne se voulait nullement se dissimuler, cela ne tenait pas de ses idées. C’était autre chose qu’il désirait, et les contours de sa volonté se dessinaient, se précisaient… Son regard sur lui braqué, tout de calme paré, sur sa souche installé, à nouveau il l’interpelle, dans le silence à peine brisé. « Te souviens-tu, loup ? Erebe Verger, ton nom canidé, à te retrouver j’ai peiné, mais à présent c’est fait. Autrefois tu m’as blessé, ne viendras-tu me côtoyer moi qui suis revenu pour toi ?  »

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Chasse à l'aigle (howard)

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