Les yeux devant la glace, elle s’observe. Hideusement belle, digne beauté des ténèbres les plus sombres, enchanteresse aux sourires joueurs. Mariée à la robe déchirée couverte du liquide carmin qui coule des veines de ses victimes, elle n’ose pas se dévêtir de ce sourire qui lui apporte de l’amusement, de l’occupation. Rajustant sa robe, elle se devait d’être on ne peut plus présentable pour un rendez-vous de cette importance et ne sachant pas quel sexe serait à la tête de ce projet monumental, il fallait bien prévoir de quoi faire baisser les prix. Dix-neuf heures, l’heure du contrat, de l’affaire à conclure. Elle ne voulait rien de couteux si l’âme de sa vendeuse ou même de son vendeur n’avait aucun prix. Posséder une personne telle que celle derrière cet écran qui s’organise à voler pour ensuite vendre et s’en tirer les bénéfices est un crime que Lilith affectionne particulièrement. « Mienne tu seras, tienne je ne serais jamais. » Quelques secondes après, une veste caresse sa peau comme les caresses d’une amante oubliée dont la vie n’est plus. Elle s’en va, la veuve noire, les pattes velues couvertes pour ne pas souffrir de ce temps accablant.

Ses talons claquent, eux aussi, dans le silence macabre du musée aux odeurs qui titillent les narines. S’approchant de quelques tableaux, ses yeux bruns se posent sur l’un d’eux et elle l’observe, longtemps, elle l’analyse. Puis cette voix, lointaine mais pourtant si proche, force la reine à sortir de ses pensées. « Plus je contemple ce tableau, plus j'en suis amoureuse.. » Arkornÿa se détourne légèrement pour observer la jeune femme, sourire perché aux coins de ses lèvres. Elle est belle, la future proie. La gazelle qui vient d’entrer dans la gueule du loup qui ne compte plus la lâcher. Croisant lentement ses bras sous sa poitrine, elle ne peut s’empêcher de dévorer de ses yeux les traits fins de la vendeuse. « C’est vrai, il est magnifique. » Observant la demoiselle se désaltérée, Lilith ne préféra pas en découvrir l’odeur ni le nom, elle le gouterait peut-être bien assez tôt. Puis les yeux de la brunette plongent dans ceux de la démone, qui pour le coup, ne détacha pas son regard afin de les observer plus longuement. « Alors...Si j'ai bien compris vous convoitez un objet relativement rare c'est bien cela ? Dites m'en plus.. » Revenant enfin sur Terre, Arkornÿa ne s’empêcha pas de laisser un petit rire s’échapper de derrière la barrière de ses lèvres. Oh, si elle savait. « Oui, exactement. Mais je ne suis pas du genre à conclure dès le premier rendez-vous. » Elle sourit légèrement en coin, taquine, provocatrice subtile. « Suivez-moi, s’il vous plaît. » N’attendant pas une réponse, elle se retourne légèrement afin de marcher en attendant que ladite vendeuse la rejoigne. Elle sait qu’elle serait là dans peu de temps, après tout, on ne peut pas laisser filer cette somme d’argent. Une fois à ses côtés, elle reprend la parole lentement avec une certaine confiance en soi. « J’aimerai en savoir d’avantage sur vous, je ne sais pas, votre nom peut-être ? Ne vous en faites pas, je ne suis pas de la police ou autre. Vous pouvez avoir confiance. » Arko tourne lentement son visage en direction de sa compagne de soirée, dévoilant ses dents blanches dans un sourire qui se montre bien sincère.   

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