Obscure entité, toute de mort voilée. Il la pressentait, là, tout près. Pourtant, elle lui restait dissimulée. Et, étrangement, cela l’agaçait. Ne pouvait-il donc se soustraire à la curiosité de sa parenté sans avoir à tomber dans l’ingérence de quelque illuminé ? Qui était-ce donc ? Croire en une quelconque coïncidence, alors qu’ils se trouvaient dans un lieu relativement isolé, en pleine nuit, lui était impensable. Alors qu’était-ce ? Un malandrin trop curieux, un imbécile au plan désastreux ou pire encore, un laquais au service de sa famille ? Les chuchotis ne cessaient de se contredire, bien que cette empreinte sombre et funèbre, indique alors clairement l’appartenance de ce trouble-fête, si ce n’était son espèce. Lié à la mort oui, il l’était… et tandis qu’il rejoignait ses affidés, ses indécelables ouailles s’échinaient. Puis soudainement, sans un mouvement, il le trouve, le découvre, là-haut dans son bâtiment. Et soudain, les événements s’enchaînant, le linceul de calme méfiant se déchire et se brisait. A peine d’un cœur le battement, ses noires prunelles, à la profondeur éternelles, sur lui se posent, tout là-haut, à l’instant même où la vitre se brisait, où la mort fauchait. Un acolyte à terre, sans qu’il ne puisse réagir, sans qu’il ne puisse le contrer, trop rapide et trop précis pour du commun des mortels être l’associé. Compréhension, alors, son chemin faisait, et de son expérience s’inspirait. Ce n’était certes pas la première fois, qu’à une créature surnaturelle il se trouvait confronté.

Une fois déjà, à son propre trépas il s’était confronté, en la personne, si personne il était, d’un canidé détraqué désormais et par ses soins, à la ville enchaîné. Physiquement parlant, il n’était pas de taille et le savait. Qu’il fut démon, loup ou vampire carnassier, il lui serait impossible d’ainsi l’égaler. Restait son don particulier, sorcellerie innée et pouvoir qu’il exsudait. Puissant sorcier, des Meyrick un digne héritier. Est-ce que cela suffirait ? Il le faudrait, ou Mort il goûterait, et à cela il n’était pas prêt. Mots empressés, murmurés, rituel qui ne nécessitait ni autel ni encens saturé, seulement de l’esprit la totale convergence. Fort heureusement, si son corps lui faisait défaut, il avait de cette particulière qualité la jouissance. Son assaillant il étreint, dans sa nasse restreint, mesure préventive, mais surtout d’urgence intempestive face à l’assaut qu’il ne pouvait matériellement maîtriser. Silence de nouveau, tendu et aux aguets, son comparse figé, semblant, lentement, appréhender ce à quoi il avait échappé. Regard hautain, méprisant, coi de ses critiques, menaçant. Tolérer la faiblesse chez les autres est bien moins aisé que de se l’accorder. Disques algides caressant, leur profondeur corrosive le quittant, et sur la silhouette du mécréant retournant. Oui il est là, ses prunelles le percent de leur éclat. Puissance reniflée, décelée. Il lui faut davantage, il lui faut savoir, et observer.

Alors il s’avance au-devant du danger, marchant d’un pas lent mais rythmé. Oui, il veut savoir, esclave de la curiosité, et même contre sa propre santé, il lui faut l’assouvir, cette avidité. Il souffre le lent trajet, remonte, presque étonné. La créature quelle qu’elle soit, s’est introduite là sans grand émois. Ses affiliés ne l’ont pas décelé avant sa sortie, exploit s’il en est, et qui demande du doigté. Il expérimente pour la première fois la capacité de ses créations à lui manquer, à l’échec avéré. Et cela ne lui plaît pas. Mais il y a autre chose, de plus urgent, de plus important, qui le taraude, au-delà de ce tracas. Considération qui, à sa vue se précise, de familiarise. Oui le délicat parfum de l’insondable fascination. Les créatures ont toujours été son pêché mignon, celle-ci ne ferait pas exception. Et voyons, ce n’était nullement un loup, où son œil d’expert lui faisait défaut. Il ne se trompait jamais pourtant, ou peu s’en faut. Immobile dans l’encadrement, il l’observait, une fois encore, tentant de juguler sa curiosité autant que son dépit. C'était qu’un tel contretemps n’avait rien de prévu, manifestement, et lui coûtait sans qu’il daigne l’avouer autrement qu’intérieurement. Intempestif péril que celui-ci… pouvait-il seulement se permettre de céder à son intérêt ?

Qu’importait en vérité… c’était déjà fait. Ne restait qu’à boire jusqu’à la lie la coupe de sa folie. Un silence angoissant, un bref instant, frémissant, qu’il brise sans ressentiments, malgré son agacement. Mélange détonnant. « Et à qui ai-je l’honneur ?  » Voix de velours, tout juste saccadée par les événements, traînant si peu, comme de ces contradictions un aveu « Qu’était-ce donc ? Aspirant talion, faim sans fin ou simple protection ?  » Il l’examine, le détail, le décortique, visage fermé, de froideur paré. Puis comme une réponse avancée, suggérait : « Non je ne puis croire au talion… c’est Mort que vous transpirez, elle vous suit et vous a enlacé… Son sceau est là, partout en vous  »